Paul Moncelon


Débat


Les présocratiques


Nietzsche….

Et le Bouddha .


Du même auteur :


- De l’illusion spirituelle à l’éveil du Bouddha en ce corps.


- Commentaires sur la doctrine de la Nichiren Shoshu.


- Entretiens sur l’illusoire.


- Cours : L’enseignement du Bouddha Originel.






Je ne suis pas helléniste. Mais il m’a semblé qu’à la condition d’y mettre assez de soin, de patience, de modestie et d’attention, il était possible d’acquérir, avec les textes de l’Antiquité grecque, une familiarité suffisante.

                                                        M. Foucault





De l’identité


Je pense, donc… Je.. ?


Phénomènes et causalité


Vie et mort


1 - De l’identité


Georgette : Messieurs, bienvenus en ce lieu.

Je vous ai réunis, sans tenir compte des époques dont vous êtes issus, afin que vous nous apportiez vos lumières sur des sujets qui nous encombrent encore aujourd’hui,. En effet, les pensées les plus fines et les plus profondes ne semblent pas s’être accumulées, au fil des siècles, en l’esprit de tout un chacun. Afin d’y remédier une bonne fois et de clore le débat, je vous propose un premier sujet : « l’identité ».


Hegel : Pourtant, la sommation, l’accumulation de la culture…. 


Georgette : Quelqu’un vient de parler ?


Schopenhauer : Non point.


Nietzsche : Non ! Rien n’a été dit. Poursuivons !


Georgette : Parfait, Messieurs, acceptons nous l’autorité des dictionnaires ?


Descartes : Assurément… si Aristote corrige.


Nietzsche : Il faut voir…


Georgette : « Moi » est la conscience sensible de la réalité immédiate.

Ou encore : Le « Moi » désigne une réalité invariable et permanente. Il vise la conscience de l’unité et de l’identité d’un même sujet au sein de la dispersion temporelle. Messieurs, qu’en pensez vous ?


Kant et Hegel, à l’unisson : Très certainement !


Hume : En ce qui me concerne, laissant de côté certains métaphysiciens, je peux me risquer à affirmer que les hommes ne sont qu’un faisceau ou une collection de perceptions différentes, qui se succèdent avec une rapidité inconcevable et sont dans un flux et un mouvement perpétuels. 


Nietzsche : C’est vrai… l’individu est une « unité » qui ne résiste pas à l’examen.


Kant : Un instant ! La spontanéité de notre pensée exige que ce divers soit d’abord, d’une certaine manière, parcouru, assemblé et lié pour en faire une connaissance. Cette action je l’appelle synthèse.


Georgette : Tu veux dire une action effectuée par une substance dite « simple », non composée comme le corps, c’est-à-dire « l’âme » ?


Kant : Certainement !


Hume : Tel n’est pas mon sentiment. Il n’y a pas en [ l’esprit ] à proprement parler de simplicité à un moment donné, ni d’identité à différents moments.


Kant : Non mais, attendez ! Si chaque représentation particulière est étrangère, isolée et séparée, il n’y a pas de connaissance… En outre, dans la diversité d’une expérience possible, on devra nécessairement supposer une homogénéité puisque, sans elle, il n’y aurait plus de concepts empiriques, ni, par conséquent, d’expérience possible.


Héraclite : Lorsque j’affirme qu’on ne saurait entrer deux fois dans le même fleuve, cela ne signifie pas qu’il n’y a ni fleuve ni sujet.


Nietzsche : Comment ne pas voir, en effet, que le sujet est une multiplicité !


Anaximandre : Assurément ! L’illimité est le principe de l’existant.


Philolaos : Soyons sérieux, messieurs, comment voudriez vous qu’on établisse un objet de connaissance ayant valeur de principe, si les étants sont illimités ?


Georgette : Pourquoi, toi, un pythagoricien, tu crois détenir un principe de connaissance avec ton double décimètre ?


Anaxagore : D’autant plus qu’il n’est pas possible qu’il y ait d’existence séparée, mais chaque chose participe à une partie de chaque chose.


Aristote : Attendez ! Ne nous emballons pas ! Si la définition du corps est : « ce qui est limité par une surface », aucun corps n’est infini… Qui plus est, je maintiens que ce qui est admis par le consentement universel est, pour moi, la vérité même. Et rejeter cette croyance générale c’est s’exposer à avoir difficilement du crédit.


Georgette : Du crédit ! Pour l’heure, le crédit du consentement universel ne me tente guère.


Sextus Empiricus : Celui qui dit qu’il faut donner son assentiment à la majorité fait une proposition puérile.


Hegel : Madame, Messieurs, pas d’attaques personnelles s’il vous plait. Et convenez que, en tant que conscience de soi, le Je a l’intuition de lui-même. On peut donc dire Je=Je ou Je suis Je.


Descartes : Moi je suis d’accord.


Kant : Moi également. Le moi fixe et permanent forme le corrélatif de toutes nos représentations en tant qu’il est simplement possible d’en avoir conscience.


Georgette : Bof ! Même une éponge, dans l’océan, distingue le non-moi. Cela n’implique pas qu’elle soit « identique » dans le temps !


Bergson : Il n’y a pas deux moments identiques chez un être conscient… Une conscience qui aurait deux moments identiques serait une conscience sans mémoire.


Nietzsche :Moi, Moi ! Vous savez, plus l’organe est grossier, plus il voit d’identité apparente. L’esprit veut l’identité… de même que le corps s’assimile les matières organiques.


Hegel : Mais pourtant, cette intuition que l’un des Je a de lui-même dans l’autre Je est bien le moment abstrait de la mêmeté.


Georgette : C’est qui « mêmeté » ?


Kant : Madame ! Si nous n’avions pas conscience que ce que nous pensons est exactement la même chose que ce que nous avons pensé un instant auparavant, toute reproduction dans la série des représentations serait vaine.


Schleiermacher : Il n’en est rien ! Dès que la conscience se saisit elle-même en tant que ce qu’elle est, elle porte déjà en elle la trace d’un retard irrécupérable par rapport à elle-même.


Plutarque : On ne peut pas saisir deux fois dans le même état une substance mortelle ; par la vivacité et la rapidité du mouvement, elle se disperse et de nouveau se rassemble ; ou plutôt, ce n’est ni à nouveau, ni plus tard, mais en même temps qu’elle se constitue et se défait, apparaît et disparaît.


Montaigne : Honorable assemblée, il se trouve autant de différence de nous à nous-mêmes que de nous à autrui, non pas ?


Georgette : Donc, la « mêmeté » !


Schopenhauer : L’homme considère la connaissance, la pensée, la volonté comme des effets ; il cherche la cause des effets en question, et ne la pouvant trouver dans le corps, il invente une cause tout à fait différente du corps. C’est ainsi que tous les dogmatiques, depuis le premier jusqu’au dernier, démontrent l’existence de l’âme.


Hume : C’est exact, et nous feignons l’existence continue de nos perceptions pour en supprimer la discontinuité, et nous aboutissons ainsi aux notions d’âme, de moi et de substance pour en déguiser la variation.


Georgette : Bien vu Messieurs ! Je lis dans le dictionnaire : Le Moi substantiel désigne l’âme en tant que distincte de la conscience immédiate et sensible.


Descartes : J’en suis d’accord au point que je pourrais croire avoir écrit la définition.


Kant : Le corps ne serait donc pas la cause de la pensée, mais une condition simplement restrictive de la pensée. Il faut donc considérer le corps comme un instrument de la fin sensible et animale et, par là même, comme un obstacle à la vie pure et spirituelle.


Protagoras : Elle est bonne celle la ! L’âme n’est rien si l’on supprime les sensations !


Nietzsche : Y a-t-il une aberration plus dangereuse que le mépris du corps ? Comme si toute l’intellectualité n’était pas de ce fait condamnée à devenir maladive, condamnée aux vapeurs de l’ « idéalisme !


Descartes : Objection ! Si j’imagine n’être qu’un esprit sans corps, je constate objectivement que je suis une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser, et qui, pour être, n’a besoin d’aucun lieu, ni ne dépend d’aucune chose matérielle. En sorte que moi, c’est-à-dire l’âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps.


Georgette : « Si j’imagine.. » dit-il ! Comment fonder le « vrai » sur de l’imaginaire ?!


Feuerbach : Alors que l’ancienne philosophie commençait par la proposition : « je suis un être abstrait, un être purement pensant, mon corps n’appartient pas à mon essence », la philosophie nouvelle, au contraire, commence par la proposition : « je suis un être réel, un être sensible ; oui, mon corps dans sa totalité est mon moi, mon essence même. »


Nietzsche : C’est exact ! Et celui qui est éveillé, celui qui sait, dit « Je suis corps de part en part et rien hors de cela ; et l’âme ce n’est qu’un mot pour quelque chose qui appartient au corps ».


Schopenhauer : Je te rejoins sur ce point, la croyance en une liberté empirique de la volonté tient de fort près à la théorie qui fait résider l’essence de l’homme dans une âme.


Nietzsche : Assurément ! En ce qui me concerne je m’interdis ces divagations qui ont trait à l’unité, à l’âme, à la personnalité. De pareilles hypothèses compliquent le problème, c’est bien clair.


Kant : Je ne peux partager votre avis sur l’âme. Elle fait partie des hypothèses théoriques nécessaires au point de vue de la raison pratique, ainsi que l’existence de Dieu, de la liberté et d’un autre monde.


Hegel : Cette distinction entre le corps et l’âme est également d’une grande importance philosophique, et nous devons l’accepter telle quelle… De même que la substance de la matière est la pesanteur, de même la liberté est la substance de l’esprit.


Georgette : En vertu de quoi l’esprit serait-il libre si la pensée, la volonté sont des effets, comme vient de le dire Arthur ?


Kant : Madame ! L’affirmation de la nature simple de l’âme ne peut avoir quelque valeur qu’en tant que je puis par là distinguer ce sujet pensant de toute matière, et, par conséquent, mettre l’âme en dehors de la caducité à laquelle est toujours soumise la matière.


Platon : Avec quel délice je crois m’entendre parler !


Descartes : C’est bien ce que j’ai toujours dit. D’autant plus que Dieu ne saurait être trompeur. Sinon ou va-t-on ?…


Feuerbach : Seule la misère de l’homme est le lieu de naissance de Dieu.


Descartes : Qui plus est, il faut croire qu’il y a un Dieu, parce qu’il est ainsi enseigné dans les saintes écritures, et d’autre part il faut croire les saintes écritures parce qu’elles viennent de Dieu.


Nietzsche : Concernant Dieu, calmez vous : il est mort ! Quant aux « écritures »… ! Dans tout le nouveau Testament, pas une seule bouffonnerie ! Voilà qui réfute un livre.


Kant : Pour en revenir à l’unité, il est vrai que c’est une seule et même spontanéité qui, là sous le nom d’imagination, ici, sous celui d’entendement, introduit la liaison dans le divers de l’intuition.


Bergson : Si vous le permettez, je considère que toute perception est déjà mémoire. Nous ne percevons, pratiquement, que le passé.


Nietzsche : D’autant plus que ce que nous appelons le « conscient » ou « l’esprit » n’est qu’un moyen et un instrument grâce auquel ce n’est pas un sujet mais une lutte qui tâche à se conserver…Je m’en explique. De nombreux instincts se disputent en moi la prédominance. Je suis en cela l’image de tout ce qui vit, et je me l’explique.


Parménide :Ta parole touche au vrai, fils, l’étant est tout entier plein d’étant, aussi est-il tout entier continu, car de l’étant touche à de l’étant.


Anaxagore : Bien dit ! Les corps sont illimités.


Feuerbach : La tâche de la vraie philosophie est de reconnaître non pas le fini dans l’infini, mais au contraire le non-fini, l’infini dans le fini.


Aristote :Ah non ! Vous n’allez pas revenir là-dessus ! Même la connaissance vulgaire devient impossible si les êtres sont infinis.


Georgette : « La connaissance vulgaire » ! Harry ! Le chantre de « l’opinion » !


Nietzsche : Et pourtant… Comment expliques-tu, alors, que notre vie, comme toute vie, est en même temps une mort perpétuelle ?


Schopenhauer : Ceci est exact. La vie est faite d’une succession d’anéantissements.


Kant : Ah ! J’admets volontiers qu’une spontanéité intemporelle est inconcevable mais non contradictoire.


Georgette : Ah ! La spontanéité ! Et intemporelle de surcroît ! Et non contradictoire !


Nietzsche : Il m’est fort aise de ne pas sembler contradictoire.


Schopenhauer : Cela me soulage également.


Aristote : Objection ! Une chose qui est une et la même n’est pas susceptible d’être éternellement engendrée et détruite.


Schopenhauer : C’est toi qui est contradictoire !°


Georgette : C’est vrai ça. Où donc as tu pêché une chose qui serait « une » et la « même » ? Je n’en vois nulle part. « Une » désigne un assemblage provisoire d’éléments hétérogènes et « même » n’existe pas !


Héraclite : N’est-il pas évident pour nous tous que tout passe et que rien ne demeure ?


Aristote : Objection ! Dire qu’il y a altération continûment, c’est par trop contester l’évidence..


Georgette : L’évidence !


Descartes : Je suis aussi d’avis que toutes les choses que nous concevons clairement et distinctement sont vraies, selon que nous les concevons.


Aristote : Très juste ! Il semble donc que le réel est ce qui semble tel à l’homme bien normal.


Georgette : « L’homme bien normal » ! Un comble ! J’espère que tu ne parles pas de toi !


Démocrite : Les principes de toutes choses sont les atomes et le vide, et tout le reste n’existe que par convention… En outre, nous ne saisissons rien de ferme et d’assuré, mais seulement ce qui nous affecte conformément à la disposition de notre corps et aux choses qui le frappent et lui offrent résistance.


Hume :Il est vrai que, pour en revenir à l’esprit, ce ne sont que les perceptions successives qui constituent l’esprit, et nous n’avons pas la plus lointaine idée du lieu où ces scènes sont représentées, ni des matériaux dont il est composé… En outre, l’identité que nous attribuons à l’esprit humain, si parfaite qu’on l’imagine, n’est pas susceptible de fondre les perceptions en une seule.


Aristote : Je vous accorde qu’il est absurde de s’appuyer sur des choses sensibles, toujours changeantes et ne persistant jamais dans le même état, pour porter un jugement sur la vérité. C’est à partir des êtres qui restent toujours les mêmes et qui ne sont passibles d’aucun changement qu’il faut poursuivre la vérité. Tels sont, par exemples, les corps célestes : ils ne paraissent pas, tantôt avec tels caractères, tantôt avec tels autres, mais ils sont toujours les mêmes et ne participent d’aucun changement.


Hegel : Ah oui ! La mêmeté !


Kant : J’en suis bien d’accord. Ainsi, je vois devant moi de l’ordre et de la finalité dans la nature et je n’ai pas besoin d’avoir recours à la spéculation pour m’assurer de la réalité de l’un et de l’autre, mais j’ai besoin seulement, pour les expliquer, de supposer une divinité comme leur cause.


Descartes : C’est ce que j’allais dire.


Héraclite : Mais qu’est-ce qu’ils ont à nous bassiner avec leur harmonie° ! L’harmonie céleste n’est qu’un résidu de fausse couche jeté n’importe comment !


Bergson : Assurément.


Georgette : L’image est forte, quoi que juste. Pas d’ordre, pas de créateur d’ordre. Quelqu’un a soif ?


Kant : Moi je veux bien une bière.


Nietzsche : Tu vois Manu, nous croyons agir volontairement, nous croyons à tout le moins agir. Sans doute, sans cette croyance il n’y aurait pas d’êtres vivants. Mais est-ce une raison pour qu’elle soit vraie ?


Kant : Pas d’accord, l’autonomie de la volonté est cette propriété qu’a la volonté d’être à elle-même sa loi.


Descartes : Bien sur ! La liberté de notre volonté se connaît sans preuve par la seule expérience que nous en avons.


Nietzsche : Absurde ! Il n’y a ni « esprit », ni raison, ni pensée, ni conscience, ni âme, ni volonté, ni vérité : rien que des fictions qui sont inutilisables.


Schopenhauer. Evidemment ! La volonté, la connaissance sont des effets.

Kant : Mais si ! Regardez ! Si je me lève maintenant de mon siège tout à fait librement et sans subir l’influence nécessairement déterminante de causes naturelles, avec cet événement et avec toute ses conséquences naturelles à l’infini commence absolument une nouvelle série, bien que, par rapport au temps, cet événement ne soit que la continuation d’une série précédente.


Georgette : C’est fou, ça ! Un exemple de liberté inconditionnée ! En plein Paris !


Nietzsche : La volonté de modifier un penchant n’est que l’expression d’un ou de plusieurs penchants.


Georgette : Manu, tu viens prendre ta bière ?


Les autres : Nous aussi on veut une pression. Pour une fois qu’on est inconditionné !


Schopenhauer : Il lui est aussi impossible de se lever sans motif qu’il est impossible à une bille de rouler sans cause.


Leibniz : Nous ne nous apercevons pas toujours des causes, souvent imperceptibles, dont notre résolution dépend.


Nietzsche : La nature d’une action est inconnaissable : ce que nous appelons ses « motifs » ne meut rien : c’est une illusion que de prendre le consécutif pour un rapport de cause.


Kant : Je puis pourtant penser la liberté. La représentation de cette liberté ne renferme, du moins en moi, aucune contradiction.


Georgette : Ca, Manu, c’est ton côté amerloque.


Hegel : C’est vrai que l’importance du concept…


Schopenhauer : La question est de savoir où tu as été prendre ton concept ; l’as-tu puisé dans ton expérience ? à la bonne heure ; en ce cas, son objet existe et tu n’as pas besoin d’autre preuve ; a-t-il éclos, au contraire, dans ton propre cerveau, alors tous ses attributs n’y peuvent rien, il n’est que pure chimère.


Georgette : « Penser la liberté » ! Ce n’est pas pour autant que tu peux, un matin au réveil avoir le flux de pensée qui caractérise Parménide et, le matin suivant, avoir celui de Descartes.


Parménide : Ah non !


Descartes : Surtout pas ! Dieu m’en préserve !+


Georgette : Manu ! Tu es comme tout ce qui est. Tu ne peux te quitter !


Spinoza : L’esprit est un mode du penser… il ne peut avoir la faculté absolue de vouloir et de ne pas vouloir.


Schopenhauer : C’est vrai. Chacun se croit a priori absolument libre, et cela dans chacun de ses actes, il croit pouvoir devenir autre. C’est seulement après expérience qu’il constate qu’il est soumis à la nécessité, qu’il doit développer un caractère auquel il n’a pas consenti et continuer un rôle commencé.


Nietzsche : Les gens naïfs croient encore que nous savons pourquoi nous voulons.


Conche : Le caractère individuel n’est nullement choisi. Simplement chacun se trouve être ainsi. Ce qu’il y a de constant dans la manière dont nous choisissons ne relève pas du choix.


Nietzsche : Il convient d’y réfléchir. Toute la théorie du vouloir, cette funeste falsification, a été inventée essentiellement à des fins de châtiment… L’erreur d’observation est de croire que c’est moi qui « fais » ceci, qui « souffre » de cela, qui « ai » ceci, qui « possède » telle qualité.


Héraclite :Il est certain que je me suis cherché moi-même… Nous sommes et nous ne sommes pas.


Nietzsche : Chaque jour je m’étonne : je ne me connais pas moi-même !


Anaxagore :Suis-je par trop lapidaire en affirmant que les phénomènes sont ce que l’on perçoit des choses invisibles ?


Georgette : Les scientifiques déclarent en effet que plus de quatre vingt dix pour cent de la matière ne nous est pas perceptible.


Merleau Ponty : Il est vrai que voir c’est ne pas voir. Voir autrui c’est essentiellement voir mon corps comme objet. Là où je dis que je vois autrui, en vérité il arrive surtout que j’objective mon corps.


Kant : Attendez, distinguons les phénomènes, dont nous ne pouvons effectivement rien savoir de ce qu’ils sont, en eux-mêmes, et le noumène, que nous pouvons penser, qui est un objet de la raison… En outre, la raison n’étant pas elle-même un phénomène, elle n’est pas soumise aux conditions de la sensibilité.


Georgette : Ah bon ! d’où tu tiens que l’objet de la raison n’est pas lui-même un phénomène ? Tu n’es que phénomène de part en part, mec. Quant à la raison qui n’est pas soumise aux conditions de la sensibilité… des nèfles ! Le « même » escalier est angoissant à onze mois et à quatre vingt quinze ans, pas à dix huit ans.


Sartre : A la réflexion, quelque chose de moi existe à la façon du donné, du moins pour moi, puisque cet être que je suis est subi, il est sans être existé, je l’apprends et le subis dans et par les relations que j’entretiens avec les autres.


Heidegger : La pensée n’est pas un moyen pour connaître.


Nietzsche : Tout dépend indiciblement davantage de ce que l’on nommait « corps » et « chair » : le reste n’est que petit accessoire.


Schopenhauer : L’intellect… n’est qu’un fruit, qu’un produit, je dirai même un parasite du reste de l’organisme… L’intellect est le phénomène secondaire, l’organisme le phénomène primaire.


Nietzsche : En effet ! N’est-ce pas une illusion que de prendre pour une cause ce qui émerge dans le conscient sous forme d’acte volontaire ? Tous les phénomènes conscients ne sont-ils pas des aboutissants, les derniers anneaux d’une chaîne ?


Sartre : J’abonde à fond dans ton sens. Par exemple, je suis cette impulsion à voler tel ou tel livre à cet étalage, je fais corps avec elle, je l’éclaire et je me détermine en fonction d’elle à commettre le vol. Mais je ne suis pas ces faits psychiques, en tant que je les reçois passivement et que je suis obligé de faire des hypothèses sur leur origine et leur véritable signification.


Nietzsche : Il y a donc dans l’homme autant de consciences qu’il y a d’êtres (à chaque instant de son existence) qui constituent son corps… On ne présente, à l’intellect, qu’un choix d’expériences, et d’expériences simplifiées, faciles à dominer du regard et à saisir, et donc falsifiées.. de façon à préparer ce qu’on appelle communément un « vouloir ».


Anaximandre : Suis-je clair si j’affirme que c’est de l’illimité que sont issues toutes choses qui naissent, et c’est à l’illimité que retournent toutes choses qui se corrompent ?


Georgette et Parménide, à l’unisson : Très clair.


Sartre : Nous ne nous saisissons jamais que comme choix en train de se faire...Certes… Mais la liberté est simplement que ce choix est toujours inconditionné.


Kant : Absolument, et la raison est donc la condition permanente de tous les actes volontaires par lesquels l’homme se manifeste.


Georgette : Toi et ta croyance en un truc perdurant à l’identique…


Rousseau : Je ne prévoyais pas que j’aurai des idées ; elles viennent quand il leur plaît, non quand il me plaît.


Schopenhauer : Mais les pensées ne viennent pas quand nous le voulons, mais quand elles le veulent.


Nietzsche : Nos idées s’inspirent de nos besoins…. Nos convictions les plus sacrées, notre immuabilité eu égard aux suprêmes valeurs sont les jugements de nos muscles.


Schopenhauer : C’est exact. Toujours, en effet, la conscience s’est révélée à moi non comme cause, mais comme produit et résultat de la vie organique.


Nietzsche : Toute la doctrine de la responsabilité tient à cette psychologie naïve, qui veut que seule la volonté soit une cause et que l’on doive savoir que l’on a voulu pour pouvoir se croire soi-même cause.


Schopenhauer : Le « moi » est une grandeur inconnue, c’est-à-dire un mystère à lui-même…c’est quelque chose d’antérieur à la conscience, c’est la racine de l’arbre dont celle-ci est le fruit.


Nietzsche : Je ne concède pas que le « moi » est ce qui pense : bien plutôt je considère le moi lui-même comme une construction de la pensée. C’est une fiction régulatrice.


Sartre : C’est au passé que je suis ce que je suis.


Husserl : Le monde de la vie est, pour nous qui vivons éveillés en lui, toujours déjà là.


Heidegger : Il est exact que l’homme est dans la situation d’être jeté… L’homme n’est pas le maître de l’étant.


Georgette : Messieurs ! Le sentiment d’être jeté « dans » est une illusion ! C’est la négation de la seule réalité incontournable : l’instantanéité de l’existant !


Héraclite : Exact ! Le monde n’est pas engendré selon le temps, mais selon la pensée.


Démocrite : Bien ! De surcroît, il est impossible que toutes choses soient engendrées, puisqu’en effet le temps est inengendré.


Parménide : Et le temps n’est ni ne sera une autre chose en plus de l’être, puisque, celui-ci, le « destin » l’a enchaîné de manière qu’il soit entier et immobile.


Anaxagore : Bien vu. Et notons que, du moment qu’il ne peut y avoir un dernier degré de petitesse, les choses ne peuvent être séparées ni venir à l’existence.


Nietzsche : Dès lors, à supposer que le moi soit conçu comme existant en soi, sa valeur ne peut plus consister qu’à se renoncer soi-même.


Melissos : L’être est infini parce qu’il n’a ni commencement ni fin, et il l’est aussi bien qu’il est éternel.


Nietzsche : Infini ! Il est beau de « sombrer en cette mer ».


Schopenhauer : Le noyau de notre être n’est pas dans le temps.


Kant : Il est vrai qu’il doit y avoir une condition qui précède toute l’expérience et qui rend possible l’expérience elle-même, laquelle doit rendre valable une telle supposition transcendantale


Parménide : Bon ! Cela fait quand même léger tout ça mais, après tout, je vous aime bien. Allez, j’offre une tournée générale.°


Georgette et Nietzsche, en cœur : Merci papa.


Je pense, donc… je… ?


2 - Je pense, donc… je… ?


Georgette : Sujet intéressant, n’est-ce pas ? René, tu veux commencer ?


Descartes : Certes ! Parce qu’alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu’il fallait… que je rejetasse, comme absolument faux, tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute afin de voir s’il ne restait point, après cela, quelque chose… qui fut entièrement indubitable.


Hegel : C’est beau !


Georgette : Et chaud !


Descartes : Alors je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et, remarquant que cette vérité : « je pense donc je suis », était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.


Sextus Empiricus : Les sceptiques sont à la fois ébranlés par les raisonnements et gênés par l’évidence… C’est pourquoi nous ne prenons aucun des deux partis, pour autant que ce que disent les dogmatiques est valable, mais nous suspendons notre assentiment.


Sartre : Moi je dirais plutôt « Je pense donc j’étais ». C’est au passé que je suis ce que je suis.


Hegel : Absolument pas ! C’est en ceci que consiste l’existence de l’esprit : avoir soi-même pour objet.


Georgette : Du retour de la « mêmeté » !


Nietzsche : Nullement Monsieur. La conscience de soi est une fiction.


Hobbes : Il est tout à fait impossible de penser qu’on pense ni de savoir qu’on sait ; car ce serait une interrogation qui ne finirait jamais : d’où savez vous que vous savez que vous savez que vous savez, etc.


Gassendi : Je me promène donc je suis.


Feuerbach : Descartes transforme le « Dieu peut être pensé, donc il existe » en « je pense donc je suis ».


Georgette : Il se promène, donc il est une promenade !


Saint Augustin : Si je me trompe, je suis, puisque l’on ne peut se tromper si l’on n’est.


Descartes : Exact.


Hegel : C’est seulement en se pensant que l’esprit se possède lui-même comme objet tel qu’il est d’après son essence.


Georgette : Oh ! Tu sais l’essence..!


Schopenhauer : Les concepts suprêmes, c’est-à-dire les plus généraux, sont les plus vides et les plus pauvres ; ils finissent par n’être plus qu’une enveloppe sans consistance, comme par exemple « être, essence, chose, devenir ».


Nietzsche : Cette croyance à la constance, à la substance, c’est-à-dire à l’identité permanente d’une même chose, contredit au phénomène même de la représentation.


Feuerbach : Si l’on n’abandonne pas la philosophie de Hegel, on n’abandonne pas la théologie.


Kant : Messieurs ! Tout le divers de l’intuition a un rapport nécessaire au « je pense » dans le même sujet où se rencontre le divers.


Nietzsche : La conscience contient toujours une double réfraction, il n’y a rien d’immédiat.


Sartre : Ce qui trompe, c’est l’apparente homogénéité du passé et du présent.


Nietzsche : « Il est pensé : donc il y a un sujet pensant ». C’est ce à quoi aboutit l’argumentation de Descartes… Par la voie cartésienne on n’arrive pas à une certitude absolue, mais seulement à constater une très forte croyance.


Georgette : Théologie oblige !


Nietzsche : « Quelque chose est pensé : par conséquent il y a du pensant ». Cela revient à poser d’avance notre croyance au concept de substance en tant que « vrai a priori ».


Descartes : Permettez Madame et Messieurs, « je suis », « j’existe », est nécessairement vrai, toutes les fois que je le pense, ou que je le conçois dans mon esprit.


Maine de Biran : Il n’y a que les gens malsains pour se sentir exister !


Pindare : L’homme n’est que le rêve d’une ombre.


Nietzsche : Ce qui est clair en soi, c’est que la représentation n’est pas un état stable, identique à soi-même, invariable : le seul être qui nous soit garanti est donc changeant. Il n’est pas identique à soi-même, il est relatif.


Kant :Objection ! Moi, en tant que pensant, je suis un objet du sens interne et je m’appelle une âme. Ce qui est un objet des sens externes, prend le nom de corps.


Nietzsche : Non pas ! Notre pensée est de la même substance que toutes les choses.


Héraclite : Une pensée gouverne toutes choses à travers tout.


Georgette : Les copistes et autres philologues soutiennent que tu aurais écrit « Penser est commun à tous » et non pas « Penser est commun à tout », ce qui me semble bien trivial, venant de toi


Héraclite : Présents ils sont absents !


Parménide : L’embarras qui est dans leur poitrine dirige une pensée errante.


Georgette : Il me semblait bien.


Anaxagore : L’intellect est le principe dominant de toutes choses.


Nietzsche : Effectivement. Nous pouvons nous expliquer notre corps selon la catégorie de l’espace : nous en obtenons alors une représentation identique à celle du système planétaire, et la différence entre l’organique et l’inorganique ne nous frappe plus.


Empédocle : Absolument ! Toute chose a conscience et part à la pensée.


Nietzsche : Et je dirai même, « penser »… c’est une chose qui n’arrive jamais… Nous nous méfions quand on prend pour point de départ ce qui pense, veut, sent en nous. C’est un aboutissant.


Aristote : Il est clair que certaines de nos pensées ou passions ne dépendent pas de nous, ni non plus les actes inspirés par de telles pensées ou de tels calculs ; et d’ailleurs Philolaos n’a-t-il pas dit : Il est certaines pensées plus fortes que nous ?


Georgette : Qu’un mesureur estime que des choses le dépassent ne peut me surprendre.


Kant : On a beau ne jamais penser par soi-même, on en a pas moins une capacité suffisante pour…


Nietzsche : Monsieur ! Veuillez tenir compte de ce fait ; les mouvements sont des symptômes, les pensées sont également des symptômes.


Démocrite : Il est vrai de dire que les sensations et les pensées sont des modifications du corps.


Nietzsche : Ce corps est une pensée bien plus surprenante que l’âme de naguère.


Freud : La conscience n’est pas maître dans sa propre maison.


Nietzsche : Il est douteux que le « sujet » puisse se prouver à lui-même ; il lui faudrait un point d’appui au dehors, et c’est ce point d’appui qui manque.


Kant : Tout ce que nous apprenons sur les origines de la pensée conduit à croire qu’elle est l’effet d’une essence organique, sans doute, mais agissant en pleine indépendance et selon les lois de relations spirituelles.


Georgette : Eh ! Manu ! D’où sors-tu une « indépendance », et qui plus est « selon les lois de relations spirituelles » ?


Nietzsche : Nous nions qu’il existe une volonté, sans même parler de volonté « libre ».


Hobbes : Il se peut donc faire qu’une chose qui pense soit le sujet de l’esprit, de la raison, ou de l’entendement, et partant, que ce soit quelque chose de corporel.


Parménide : C’est clair !


Empédocle : Parfaitement clair !


Heidegger : Penser signifie appréhender « ac-cepter », laisser parvenir à soi – Quoi ? Ce qui se montre, ce qui apparaît. Appréhender, c’est aussi faire un constat, consigner un état de fait.


Nietzsche :Ah !Visiblement l’intellect n’est qu’un instrument, mais dans quelles mains ?


Hume : En ce qui me concerne, je pense qu’il est impossible d’ expliquer les causes ultimes des actions de notre esprit, … Nous ne faisons qu’éprouver une connexion ou une détermination de la pensée à passer d’un objet à un autre.


Heidegger : La parole parle elle-même.


Nietzsche : La logique de notre pensée consciente n’est qu’une forme grossière et simplifiée de cette sorte de pensée qui est nécessaire à notre organisme et même à ses divers organes.


Empédocle : Effectivement. L’intelligence se nourrit dans les flots du sang bouillonnant. C’est principalement de là que vient ce qu’on appelle la pensée humaine ; car le sang qui afflue autour du cœur est proprement la pensée.


Heidegger : Désigner la pensée comme écoute dépayse ; cela ne satisfait pas non plus à l’intelligibilité.


Nietzsche : Toute notre prétendue conscience n’est que le commentaire plus ou moins fantaisiste d’un texte inconnu, peur-être inconnaissable et seulement ressenti.


Kant : Objection ! Supposez que le composé pense. Chacune de ses parties renfermerait alors une partie de la pensée et toutes ensembles seules contiendraient la pensée tout entière. Or cela est contradictoire.


Nietzsche : Jamais nous ne nous traitons comme un individu, mais toujours comme une dualité et une pluralité… Nous ne sommes plus guère capables de ressentir une unicité de l’égo, nous sommes toujours au sein d’une multiplicité.


Georgette : Ah ! Ces théologiens écartelés entre l’unité et la diversité !


Nietzsche : Je ne puis comprendre qu’un être à la fois un et multiple, changeant et permanent, connaissant, sentant, voulant- cet être est pour moi le fait fondamental.


Kant : Madame, Monsieur, puis-je poursuivre ? La pensée n’est donc possible que dans une substance qui n’est pas un agrégat de plusieurs et qui, par conséquent, est absolument simple.


Georgette : Ne peut-on admettre que si la pensée momentanée est unique, et donc « simple », son origine est infinie ? Quel besoin d’une « substance » en plus ?


Nietzsche : De même que, aujourd’hui, un homme inculte croit que, lorsqu’il se fâche, la cause en est la colère, que, s’il pense, c’est l’esprit qui en est cause, et l’âme, de ce qu’il a des sentiments, bref, de même aujourd’hui encore, on pose sans réfléchir une masse d’entités censées être des causes.


Bergson : Tout unité est celle d’un acte simple de l’esprit et, cet acte consistant à unir, il faut bien que quelque multiplicité lui serve de matière.


Nietzsche : De fait, nous sommes une multiplicité qui s’est construit une unité imaginaire.


Anaximandre : Il est de fait que c’est de l’illimité que sont issues toutes choses, et c’est à lui que retournent toutes choses qui disparaissent.


Schopenhauer : Il m’apparaît que l’intellect n’est qu’un fruit, qu’un produit, je dirais même un parasite du reste de l’organisme.


Georgette : Les phénomènes, le corps, l’esprit sont des effets.


Aristote : Serait-ce pour cela qu’il est difficile d’éliminer la matière par la pensée ?


Sartre : Je concède que le Je se donne toujours comme ayant été là avant la conscience.


Merleau Ponty : Pour dire le vrai, ce n’est pas moi qui me fait penser, pas plus que ce n’est moi qui fait battre mon cœur.


Heidegger : Qu’est-ce que « Cela » qui nous appelle à penser ?


Parménide : La nature du corps est cela même qui pense.


Bergson : Nous parlons plutôt que nous ne pensons ; nous sommes « agis » plutôt que nous n’agissons nous-mêmes.


Heidegger : La parole doit nécessairement, à sa façon, nous adresser elle-même la parole.


Nietzsche : L’origine d’une pensée reste cachée ; il est très vraisemblable que cette pensée ne soit que le symptôme d’une situation beaucoup plus vaste et complexe… Tout ceci est, sous forme de signes, l’expression de quelque aspect de notre état général.


Kant : Puis-je poursuivre ? L’affirmation de la nature simple de l’âme ne peut avoir quelque valeur qu’en tant que je puis par là distinguer ce sujet pensant de toute matière et, par conséquent, mettre l’âme en dehors de la décrépitude à laquelle est toujours soumise la matière.


Platon : Quel bonheur ! Je crois m’entendre parler !


Hegel : J’abonde pleinement dans votre sens.


Descartes : Moi de même.


Schopenhauer : Moi pas ! Le vice fondamental de tous ces systèmes consiste à méconnaître cette vérité : que l’intellect et la matière sont une seule et même chose considérée sous deux points de vue opposés.


Bergson : Que ces deux existences, matière et conscience, dérivent d’une source commune, cela ne me paraît pas douteux.


Théophraste : Et, pour préciser ce point, j’affirme que tous les anciens, poètes et savants font dépendre la pensée de la disposition du corps.


Georgette : Notre époque semble l’avoir oublié.


Nietzsche : Il n’y a dans toute l’histoire de la philosophie aucune probité intellectuelle.


Heidegger : La pensée est avant tout une écoute, c’est-à-dire un « se laisser dire », et non une interrogation.


Descartes : Je n’ai jamais vu ni compris que les corps humains eussent des pensées, mais bien que ce sont les mêmes hommes qui pensent et ont des corps.


Nietzsche : Dont acte. Il se fait que votre esprit a honte d’être soumis a vos entrailles, et pour fuir sa propre honte il suit des sentiers détournés et trompeurs… Et vous prétendez, vous, les émasculés, qu’il y a de la « contemplation » dans vos yeux qui louchent !


Descartes : Monsieur ! Je ne permets pas ! Mon honneur …


Georgette : Ca va René, c’est une image.


Descartes : Ah bon !


Georgette : T’as pas soif ?


Descartes : Si, si.


Sartre : Je souhaite remettre en cause ce type d’argument. Le corps est toujours le passé.


Georgette : Mais non Jean Paul. Le corps est toujours le présent. Par contre, l’objet de la conscience présente est le passé du corps.


Bergson : Il est vrai que notre conscience du présent est déjà mémoire.


Hegel : Il me semble que le Je joue un rôle passif et l’objet intervient comme la cause en moi de certaines déterminations.


Georgette : C’est bien ce qu’il me semble.


Nietzsche : Le vécu survit « dans la mémoire » ; qu’il revienne, je n’y peux rien, le vouloir n’intervient pas, pas plus que dans la venue d’aucune pensée.


Sartre : Bon ! Je transforme ce « je pense donc je suis » qui m’a fait tant souffrir- car plus je pensais, moins il me semblait être- et je dis : on me voit, donc je suis.


Merleau Ponty : Je, vraiment, c’est personne, c’est l’anonyme…


Pascal : Nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes.


Nietzsche : Derrière tes pensées et tes sentiments, mon frère, se tient un maître impérieux, un sage inconnu. Il s’appelle soi. Il habite ton corps, il est ton corps…. Le soi dit au moi « Souffre, maintenant. » Et il souffre et réfléchit pour savoir comment il pourrait ne plus souffrir, et c’est à cette fin, justement, qu’il doit penser. Le soi dit au moi « Eprouve du plaisir, maintenant.» Et il se réjouit et réfléchit pour savoir comment il pourrait encore souvent se réjouir, et c’est à cette fin, justement, qu’il doit penser.


Démocrite : Assurément ! Les sensations et les pensées sont des modifications du corps.


Héraclite : Qu’est leur intelligence ? Que pensée viscérale !


Georgette : Tu y vas fort, mais c’est clair.


Schopenhauer : La fonction pensante du cerveau doit comporter en dernier ressort une explication physique qui la rende aussi intelligible que l’est le mouvement de la bille.


Nietzsche : « Penser »… C’est une chose qui n’arrive jamais.


Sartre : Je pense donc je suis. Que suis-je ? Un être qui n’est pas son propre fondement, qui, en tant qu’être, pourrait être autre qu’il est, dans la mesure ou il n’explique pas son être… Il est impossible, en effet, de définir la conscience comme coïncidence avec soi.


Kant : Que nenni ! Le Je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations.


Georgette : Manu ! L’expression « je pense » implique la croyance en un sujet perdurant à l’identique ! Tu peux mourir dix fois entre le « j » et le « e » de « je ».


Nietzsche : Certes ! Le fait qu’il existe des choses durables, qu’il existe des choses identiques, que notre vouloir est libre, sont des articles de foi erronés.


Feuerbach : L’honnêteté et la bonne foi sont utiles en toutes choses- en philosophie également.


Georgette : Certes ! D’autre part, on ne peut même pas avoir conscience d’entendre et de voir dans le même instant.


Descartes : Objection. L’âme peut penser plusieurs choses en même temps.


Georgette : Mais non René ! Ton corps seul peut marcher, digérer, se réparer, véhiculer le sang et vieillir dans le même instant. Mais la pensée, non ! Tu te trompes d’objet  d’observation !


Schopenhauer : Bien vu Georgette ! Nous ne pouvons connaître les choses que successivement et dans un même moment nous n’avons conscience que d’une seule chose.


Sartre : On ne fait pas ce qu’on veut et pourtant on est responsable de ce qu’on fait : voilà le fait.


Empédocle : Nourri des flots du sang qui flue et qui reflue, il est le siège principal de ce qu’on nomme la pensée. Car le sang circulant chez les hommes dans la région du cœur, c’est cela la pensée… Car pour autant que leur nature est modifiée, pour autant chaque fois il leur vient en l’esprit des pensées différentes.


Georgette : Moi, cela me paraît d’une grande clarté.


Empédocle : Sache le, toute chose a conscience et part à la pensée.


Georgette : Parménide, ton avis ?


Parménide : Un même est à la fois « être pensé » et « être ».°


La foule : Plait-il ?


Georgette : Etre, c’est être pensé.


Heidegger : Mais… !


Schopenhauer : Autrement dit, la pensée est un effet. Pas une cause.


Heidegger : J’avoue avoir un peu de mal avec le Grec ancien.°°


Georgette : Comme tous les philologues, philodoxes pusillanimes et autres poètes !


Parménide : Le même est à la fois ce qu’il y a dans l’esprit et ce à cause de quoi il y a pensée. Car sans l’étant dans lequel « est » se trouve formulé tu ne trouveras pas le « pensé ».


Nietzsche : Le « vouloir », aussi rare que le « penser », est une fiction pure.


Parménide : En effet, de la manière dont à chaque fois la nécessité tient le mélange des membres aux courbes nombreuses, ainsi la pensée se présente aux hommes. Car, chez les hommes, en tous et en chacun, la nature du corps est cela même qui pense. Car ce qui prédomine fait la pensée.


Heidegger : A la réflexion, la pensée n’est pas promue au rang d’action du seul fait qu’un effet sort d’elle.


Georgette : Exact ! A propos de la « nécessité », on a pas un autre terme en occident ?


Parménide et Nietzsche sourient au milieu d’un silence gêné.


Georgette : Et en orient ?


Hegel : Oh ! Tu sais, l’orient est bien loin. Et il y fait si chaud qu’on se demande, à juste titre, s’il se peut qu’un esprit génial puisse jamais y naître un jour.°°°


Descartes : Absolument parlant.


Phénomènes et causalité


3 - Phénomènes et causalité



Georgette : Messieurs, un peu de silence s’il vous plaît. Concernant les phénomènes il est déclaré : « Ce qui apparaît à la conscience, ce qui est perçu, tant dans l’ordre physique que psychique. » Messieurs, acceptez vous cette définition ?


Kant : Pour ma part, j’appelle intelligible ce qui dans un objet des sens n’est pas lui-même phénomène.


Georgette : Tu peux appeler ce que tu veux comme tu veux, Manu, mais je sens, là, comme le relent nauséabond du cadavre du noumène. L’objet de l’intellect n’est qu’un phénomène !


Feuerbach : Absolument très chère ! L’essence sans l’existence est une simple pensée, tels sont les êtres de l’entendement, les noumènes ; on les pense mais il leur manque l’existence et l’objectivité.


Nietzsche : Qui plus est, nous pouvons bel et bien considérer notre « activité intellectuelle » comme une action qu’exercent sur nous des objets. La connaissance n’est pas l’activité du sujet, c’est une simple apparence, elle est en fait une modification des nerfs provoquée par d’autres choses.


Sextus Empiricus : Si la pensée ne se voit pas elle-même précisément, mais est en désaccord à propos de son essence, de son mode de venue à l’être et du lieu dans lequel elle est, comment pourrait-elle saisir l’une quelconque des autres choses précisément.


Georgette : J’allais le dire.


Platon : Aucune chose, prise en elle même, n’est une. Il n’y a rien qu’on puisse dénommer ou qualifier de quelque manière avec justesse.


Démocrite : Tiens, tiens, tiens ! Le divin Platon ! Déjà là ! As-tu enfin réussi à les brûler tous… mes écrits ?


Kant : Monsieur ! S’il vous plaît !


Georgette : Messieurs ! Messieurs !


Kant : Si nous ne considérons les objets des sens que comme de simples phénomènes, nous reconnaissons cependant aussi par là qu’ils ont pour fondement une chose en soi, bien que nous ignorions comment elle est constituée en elle-même, et que nous n’en connaissions que le phénomène, c’est-à-dire la façon dont nos sens sont affectés par cette chose inconnue.


Schopenhauer : C’est vrai. Cependant, nous ne sommes pas seulement le sujet qui connaît mais nous appartenons nous-mêmes à la catégorie des choses à connaître, nous sommes nous-mêmes la chose en soi. En conséquence, si nous ne pouvons pas pénétrer du dehors jusqu’à l’être propre et intime des choses, une route, partant du dedans, nous reste ouverte.


Georgette : Ca c’est bien vu Arthur !


Anaxagore : En conséquence, les phénomènes sont ce que l’on perçoit des choses invisibles.


Lévinas : Objection ! Le monde est toujours à la mesure de la connaissance ou de la pensée à laquelle il est toujours donné, de sorte qu’il peut être pris et compris par elle.


Philolaos : Ca c’est vrai, et je dirai même que la géométrie est le principe et la patrie de toutes les sciences.


Aristote : Sans conteste. Et, du reste, s’il n’y a rien en dehors des individus, et étant donné que les individus sont en nombre infini, comment alors est-il possible d’acquérir une science des individus ?


Platon : Si c’est bien la réalité subsistante que la géométrie oblige à contempler, elle correspond à notre exigence ; si c’est le monde du devenir, elle n’y correspond pas… Son but est la connaissance de ce qu’il y a de permanent, et non pas de ce qui devient et meurt… La géométrie tire donc l’âme dans le sens de la vérité.


Philolaos : C’est cela même ! Tout être connaissable a un nombre : sans celui-ci, on ne saurait rien concevoir ni rien connaître.


Aristote : Absolument parlant !


Nietzsche : Messieurs ! L’exposé mathématique n’appartient pas à l’essence de la philosophie.


Schopenhauer : Là où commence le calcul, la compréhension cesse.


( Raideur incontrôlable et gène visible chez certains )


Aristote : Permettez ! Il n’y a de définition et de science que de l’universel et non pas des individus.


Georgette : Ca ne te gène pas qu’il n’y ait que des individus ?


Husserl : Ce que l’activité scientifique produit, ce n’est pas du réal, mais de l’idéal.


Anaxagore : Nécessairement ! Les corps sont illimités.


Anaximandre : Très vrai, l’illimité est le principe des étants.


Nietzsche : A la réflexion, toute chose est mesurable par toute chose : mais extérieurement aux choses il n’y a pas de mesure : c’est pourquoi toute grandeur est de soi infiniment grande et infiniment petite.


Aristote : Attention ! Ceux qui posent une série infinie ne s’aperçoivent pas qu’ils ruinent la notion même du bien. Et pourtant personne ne consentirait à rien entreprendre, s’il ne devait pas arriver à un terme. C’est toujours, en effet, en vue de quelque chose, qu’agit l’homme, du moins l’homme raisonnable, et cette chose est une limite, car la fin est une limite.


Kant : L’unité finale est pourtant une si grande application de la raison à la nature que je ne peux nullement la laisser de côté quand d’ailleurs l’expérience m’en offre tant d’exemples. Or, à cette unité, que la raison donne comme fil conducteur dans l’étude de la nature, je ne connais pas d’autre condition que de supposer qu’une intelligence suprême a tout ordonné suivant les fins les plus sages.


Aristote : Comment, en effet, l’ordre existerait-il sans quelque être éternel, séparé et permanent ?


Bergson : Messieurs ! Le désordre est simplement l’ordre que nous ne cherchons pas.


Héraclite : Vous m’ôtez les mots de la bouche, Monsieur.


Nietzsche : L’humanité n’a pas plus de but que n’en avaient les sauriens, mais elle a une évolution : c’est-à-dire que son terme n’a pas plus d’importance qu’un point quelconque de son parcours !


Georgette : Ca c’est fondamental.


Aristote : Absolument pas ! On nomme parfait tout ce qui a pour caractère d’avoir atteint une fin, et, au-delà de la fin, il n’y a rien, car, en toute chose, elle est le dernier terme et elle contient tout le reste.


Georgette : Le terme de « fin » n’existe qu’en relation avec celui de « début ». Or, « début » n’est pas fondé !


Feuerbach : En outre, le langage n’a absolument rien à voir avec la chose.


Hobbes : Un nom est un son de la voix employé arbitrairement.


Hegel : Messieurs ! Les véritables buts ne peuvent surgir que du contenu que l’esprit intérieur a lui-même élaboré en vertu de sa puissance absolue. Et les individus historiques sont ceux qui ont voulu et accompli, non une chose imaginée et présumée, mais une chose juste et nécessaire et qu’ils l’ont compris parce qu’ils ont reçu intérieurement la révélation de ce qui est nécessaire et appartient réellement aux possibilités du temps.


Georgette : La « révélation » du nécessaire ! Gare aux phases maniaques !


Hegel : En somme, dans l’histoire du mond, tous les peuples ne comptent pas.


Schopenhauer : Plus un homme est inférieur par l’intelligence, moins l’existence a pour lui de mystère.


Hegel : Permettez Monsieur ! L’histoire universelle est la manifestation du processus divin absolu de l’Esprit dans ses plus hautes figures : la marche graduelle par laquelle il parvient à sa vérité et prend conscience de soi.


Nietzsche : L’humanité entière est, dans ses mouvements, dépourvue de buts et d’objectifs, il n’y a en elle, de prime abord, aucune volonté… Qui plus est, il n’est pas question de cause et d’effet entre le concept de fin et l’action, au contraire, c’est la GRANDE ILLUSION d’imaginer qu’il en est ainsi !


Sextus Empiricus : Dès lors, même si nous accordions que l’être humain peut être saisi, il ne serait jamais possible de montrer que les choses doivent être jugées par lui.


Hegel : Objection ! La science ne cherche pas la vérité, mais elle est dans la vérité et elle est la vérité même.


Aristote : Toute science a pour objet, en effet, ce qui est toujours, ou ce qui est le plus souvent. Comment, sans cela, apprendre soi-même, ou enseigner autrui ?


Sextus Empiricus : Ni l’étant ni le non-étant ne s’enseignent. Donc rien n’est enseigné.


Hegel : La science est la connaissance conceptuelle de l’esprit absolu. Par l’acte qui saisit cet esprit sous la forme du concept, tout élément étranger est supprimé dans le savoir et ce dernier a atteint à la parfaite égalité avec lui-même. Il est le concept qui est son propre contenu et se conçoit lui-même.


Heidegger : Doucement ! En réalité, il n’y a qu’une apparence de rigueur scientifique à invoquer le principe de non contradiction, et d’une façon générale la logique.


Nietzsche : Nous ne réussissons pas à affirmer et à nier simultanément une même chose : c’est un principe expérimental et subjectif qui n’exprime nullement une nécessité, mais une simple impuissance.


Feuerbach : La science n’est essentiellement qu’un jouet inoffensif, certes, mais aussi inutile, de la raison paresseuse.


Conche : La science ne nous donne pas la connaissance : elle constitue un nouveau voilement de ce qui est à connaître, car elle substitue à la chose en soi, l’objet – la chose pour nous.


Aristote : Comment ça ! Toute chose doit nécessairement être affirmée ou niée… Et il est impossible qu’une chose soit et ne soit pas en même temps.


Platon : Bien sûr ! Toute formule prônant la contradiction nous laissera de marbre. Nous ne croirons pas qu’un sujet puisse être le même, et, sous le même rapport, relativement à un même repère et en même temps, être tout le contraire de ce qu’il est, qu’on envisage sa réceptivité, sa présence quelque part ou son activité.


Héraclite : La mer est l’eau la plus pure et la plus souillée ; pour les poissons, elle est potable et salutaire, mais elle n’est pas potable et elle est mortelle pour les hommes… Le chemin ascendant et descendant sont un et le même… Si tu me laisses dix minutes, le Divin, je t’en trouve dix autres…


Démocrite : Rien n’est pas plus ceci que cela.


Héraclite : Ben oui ! Et, le même est et n’est pas. Nous sommes et nous ne sommes pas. Le bon et le mauvais sont identiques. Chose commune que commencement et fin sur le circuit d’un cercle.


Nietzsche : Absolument ! Le principe de contradiction est un principe subjectif dans quoi ne s’exprime aucune « nécessité » mais rien qu’une incapacité… Ce principe contient non pas un critère de vérité, mais un impératif quant à ce qui Doit valoir pour vrai.


Spinoza : Arrêtez où j’appelle les forces de l’ordre ! °


Bergson et Héraclite, en cœur : L’ordre !


Heidegger : Ceci demeure un grand malheur qu’aussi longtemps qu’on estime que la pensée scientifique est la seule pensée rigoureuse à proprement parler, et que, pour le penser philosophique également, elle peut et doit constituer le seul critère. C’est l’inverse qui est vrai. Le penser scientifique n’est jamais qu’une forme dérivée, et, en tant que telle, durcie, du penser philosophique.


Georgette : Foin du règne de la naïveté tautologique.


Bergson : Assurément ! Un brin d’herbe ne ressemble pas plus à un autre brin d’herbe qu’un Raphaël à un Rembrandt.


Schopenhauer : Le but de la science n’est pas une plus grande certitude… Son vrai but est de faciliter le savoir, en lui imposant une forme.


Nietzsche : Comment se présente la science ? Pour une large part, presque en ennemie de la vérité : car elle est optimiste, car elle croit en la logique.


Husserl : Il convient de surmonter la naïveté philosophique latente dans la « scientificité » de la philosophie objectiviste traditionnelle.


Nietzsche : La logique n’est que l’esclavage dans les liens du langage. Celui-ci a cependant en lui un élément illogique, la métaphore, etc. La première force opère une identification du non-identique, elle est donc l’effet de l’imagination. C’est là-dessus que repose l’existence des concepts, des formes, etc.


Roscelin : Les genres et les espèces ne sont que des mots, de simples souffles de la voix.


Gorgias : Parfaitement ! Le discours n’est ni les substances ni les êtres : ce ne sont donc pas les êtres que nous révélons à ceux qui nous entourent, nous ne leur révélons qu’un discours qui est autre que les substances.


Parménide : Ne seront que des noms tout ce que proposent les mortels, convaincus qu’ils sont vrais : devenir et périr, être et ne pas être, changer de lieu ou changer d’éclat en surface.


Heidegger : La science ne pense pas.


Georgette : Personne mon vieux. Parménide affirme que nous sommes pensés.

Parménide : En effet, de la manière dont à chaque fois ­­[ la nécessité] tient le mélange des membres au courbes nombreuses ainsi la pensée se présente aux hommes… Car chez les hommes, en tous et en chacun, la nature du corps est cela même qui pense, car ce qui prédomine fait la pensée.


Sextus Empiricus : Aucun des objets réels ne nous tombe sous le sens par lui-même mais avec quelque chose, il est alors possible de dire ce qu’est le mélange de l’objet extérieur et de ce avec quoi il est observé ; mais ce que l’objet extérieur est purement et simplement, nous ne pourrions le dire.


Kant : C’est vrai ! Quant à ce que peut être la nature des objets en eux-mêmes et abstraction faite de toute cette réceptivité de notre sensibilité, elle nous demeure tout à fait inconnue. Nous ne connaissons que notre mode de les percevoir.


Georgette : Pour un théologien, c’est assez honnête.


Kant : Merci très chère. Pourtant, j’affirme que la qualité de l’espace et du temps, que je prends comme conditions de l’existence des corps et de l’âme et conformément à laquelle je me les représente, ne réside que dans mon mode d’intuition et non dans ces objets eux-mêmes.


Georgette : Il est bon de dire que le temps et l’espace n’existent pas « en soi ».


Aristote : Bien sur que si ! Le temps est le même partout simultanément… Et il est bien clair qu’il n’y a qu’un seul ciel


Bergson : Mais non Harry ! La durée et le mouvement sont des synthèses mentales, et non pas des choses.


Kant : Sans conteste. Le monde n’a pas de premier commencement dans le temps ni de limite extrême dans l’espace.


Hegel : Objection ! L’infinité d’une série consiste en ce qu’aucune synthèse successive ne saurait jamais l’achever ; il est donc impossible qu’il y ait eu dans le monde une série infinie ; il faut, par conséquent, de toute nécessité, que cette série ait un commencement dans le temps.


Georgette : C’est qui la « synthèse » ?


Schopenhauer : La chaîne de causalité est nécessairement sans commencement.


Spinoza : Le mouvement et le repos d’un corps doivent avoir leur origine dans un autre corps, qui a été déterminé aussi au mouvement ou au repos par un autre, et absolument parlant, tout ce qui survient dans un corps a dû avoir son origine en Dieu.


Hegel : Absolument parlant.

Zénon d’Elée : Ce qui se meut ne se meut ni dans le lieu où il est, ni dans celui où il n’est pas.


Aristote : Il est vrai que le « moteur immobile »…


Georgette : Du retour, chez les myopes, de la « cause » hors la « causalité » !


Schopenhauer : Une première cause est tout aussi impensable que l’endroit où l’espace finit ou que l’instant où le temps a commencé.


Hegel : Il n’y a pas de commencement pur pour l’esprit, mais il est toujours en train de se produire ; il est le but et le résultat de lui-même, si bien que son point d’aboutissement n’est autre que son point de départ.


Georgette : Quand tu es profond, c’est toujours à ton insu !


Héraclite : L’érudition n’enseigne pas l’intelligence.


Hegel : Mais l’esprit - ce que nous appelons Dieu – est la vérité vraiment substantielle, essentiellement individuelle et subjective. Il est la pensée, et la pensée est créatrice.


Georgette : Le concept d’un « Dieu unique » est à la fois le masque et l’étendard du manque de réflexion.


Nietzsche : Dieu, la suprême puissance – Ca suffit ! … C’est une absurde et lamentable niaiserie


Feuerbach : Dieu est l’égoïsme jouissant de soi.


Hegel : Madame ! Messieurs ! Je vous en prie !


Nietzsche : Théologien mal famé !


Aristote : Or assurément il n’y a rien de désordonné parmi les choses naturelles et conformes à la nature, car la nature est pour toutes une cause d’ordre.


Bergson : L’ordre !


Kant : Au point de vue de la causalité nous avons besoin d’un être dernier et suprême…


Nietzsche : La notion de « Dieu » détourne de la vie, représente une critique, un mépris même de la vie !


Kant : Ce concept, favorable aux exigences de notre raison dans l’économie des principes, n’est soumis en lui-même à aucune contradiction…


Georgette : Pour sûr, « dieu » ne risque pas de débarquer et de te dire : « je ne suis pas » !


Kant : Donc…une pareille idée nous dirige vers l’ordre et la finalité, sans jamais être ouvertement contraire à une expérience.


Héraclite : L’ordre !!


Kant : En fait, l’idéal de l’Etre suprême n’est autre chose qu’un principe régulateur de la raison… il n’est pas l’affirmation d’une existence nécessaire en soi.


Georgette : Foin d’un « créateur » !


Merleau-Ponty : Je révoque en doute la perspective évolutionniste… en ce sens que, considérant l’endotemps et l’endoespace, il n’y a plus pour moi de question d’origine, ni de limites, ni de séries d’événements allant vers une cause première, mais un seul éclatement d’être qui est à jamais.


Nietzsche : L’ « humanité » n’avance pas, elle n’existe même pas… L’homme ne constitue pas un progrès par rapport à l’animal.


Georgette : Cela me parait clair.


Anaxagore : Les principes matériels sont illimités, et les plus petits d’entre eux sont des illimités.


Nietzsche : L’infinité est le fait originel : il faudrait seulement expliquer d’où vient le fini. Mais le point de vue du fini est purement sensible, c’est-à-dire une illusion.


Anaxagore : C’est exact et nulle chose n’existe d’une manière totalement discriminée d’une autre chose parce que toutes choses sont en toutes choses.


Georgette : Franchement, ce sont là de délicieux propos.


Hegel : Pour ma part, je crois fermement que la science de la logique est le savoir de la pensée en sa vérité.


Nietzsche : A strictement parler, le fait de connaître a la seule forme de la tautologie et est vide. Toute connaissance qui nous fait avancer est une manière d’identifier le non-identique et le semblable, c’est-à-dire est essentiellement illogique.


Georgette : Que « A » puisse être égal à « A » relève du rêve.


Husserl : Seules les idéalités ont une identité rigoureuse.


Georgette : Et encore !


Husserl : L’identité est une fiction psychologique. A des fictions de ce genre appartient aussi la causalité, la succession nécessaire.


Nietzsche : La science ne peut rien souhaiter de mieux : en tant que telle, elle est le propre d’une classe moyenne d’esprits.


Hegel : Mais non ! Tout ce qui est rationnel est réel, tout ce qui est réel est rationnel..


Descartes : Absolument ! Plus nous connaissons d’attributs de quelque substance, plus parfaitement aussi nous en connaissons la nature.


Hegel : L’idée est l’objectivement vrai, c’est-à-dire le concept adéquat.


Spinoza : Messieurs, les idées que nous avons des corps extérieurs indiquent plutôt la constitution de notre corps que la nature des corps extérieurs.


Nietzsche : Le préjugé foncier est de croire que l’ordre, la clarté, la méthode doit tenir à l’être vrai des choses… Mais il est tout à fait impossible de démontrer que « l’en-soi » des choses se comporte selon cette définition du fonctionnaire modèle.


Schopenhauer : Le principe de raison revient à cela que toujours et partout aucune chose n’existe que par l’intermédiaire d’une autre. Or, sous toutes ses formes, ce principe est a priori ; il a donc sa racine dans l’intellect : il ne faut donc pas l’appliquer au monde, c’est-à-dire à l’ensemble de tous les objets existants.


Nietzsche : La logique est attachée à cette condition : à supposer qu’il y ait des cas identiques… d’où : falsifier les faits, puis imposer son point de vue. La logique n’est pas née de la volonté de parvenir au vrai.


Georgette : Le pourcentage de réussite, en terme de résultats « identiques », s’il frôle les soixante quinze, les quatre vingt dix, voire les quatre vingt dix sept pour cent, induit un pourcentage « impondérable » arbitrairement considéré comme négligeable. De là l’inquiétant alibi du « risque-zéro-qui-n’existe-pas », qui n’est que l’évident échec d’une approche bâtarde de la « causalité ». Qui plus est, le postulat selon lequel tant l’observateur que l’objet observé « persistent à l’identique » est une croyance. Or, la science en est une, parmi d’autres.


Kant : Cependant, il n’y a pas dans la nature de nécessité aveugle, mais seulement une nécessité conditionnelle et par suite intelligible.


Georgette : C’est qui « intelligible » ?


Hegel : L’idée est l’objectivement vrai, c’est-à-dire le concept adéquat…. Par exemple, porter sur un objet un jugement proprement dit, c’est en comparer la nature, c’est-à-dire la véritable universalité, avec la singularité, c’est-à-dire avec la façon d’être de sa réalité présente. C’est comparer ce qu’il est avec ce qu’il doit être.


Georgette : Tu veux dire que si la pomme dans laquelle je croque n’est pas conforme au concept que j’ai d’elle, elle doit rejoindre son concept ?


Hegel : Les concepts sont quelque chose que nous posons, mais le concept contient aussi la chose en elle-même et pour elle-même.


Georgette : Dit-elle ! Et en toute modestie ! Et le concept d’« Etat », alors !


Althusser : Ah ! Les jeunes intellectuels allemand qui attendaient de l’état prussien qu’il se réformât de lui-même, conformât son existence à son « essence » et devint en fait ce qu’il était en droit : le règne de la raison et de la liberté !


Schopenhauer : Ca ! Hegel ! Pour abrutir le peuple !


Georgette : C’est à la fois comique et confondant ! Par hasard, t’as pas aussi un concept d’homme?


Nietzsche : Un homme tel qu’il doit être : cela est aussi malsonnant que « un arbre tel qu’il doit être ».


Schopenhauer : Il n’est pas si infime tesson d’argile qui ne soit composé de qualités aussi inexplicables les unes que les autres.


Hegel : Dieu tonne et n’est pas reconnu !


Kant : L’entendement n’a à faire qu’aux choses en soi et non aux phénomènes.


Nietzsche : L’intellect est l’outil de nos instincts et rien de plus, il ne sera jamais libre.


Georgette : Bien entendu. L’entendement est un phénomène, Manu !


Nietzsche : Le fait de connaître est seulement le fait de travailler sur les métaphores les plus agréées, c’est donc une façon d’imiter qui n’est plus sentie comme imitation. Il ne peut donc naturellement pas pénétrer dans le royaume de la vérité.


Georgette : C’est clair.


Heidegger : La pensée n’est pas un moyen pour connaître.


Nietzsche : Qui plus est, il n’arrive rien dans la réalité qui corresponde rigoureusement à la logique…. Nous n’avons absolument aucune expérience sur ce qu’est une cause.


Sextus Empiricus : Toute la théorie causale dogmatique est sans valeur.


Nietzsche : Je me méfie de tous les faiseurs de systèmes et m’écarte de leur chemin. L’esprit de système est un manque de probité.


Georgette : On en revient aux phénomènes ?


Kant : Merci ma chère. Donc, comme ces phénomènes, n’étant pas des choses en soi, doivent avoir pour fondement un objet transcendantal qui les détermine comme simples représentations, rien n’empêche d’attribuer à cet objet transcendantal, outre la propriété qu’il a de nous apparaître, une causalité encore qui n’est pas phénomène, bien que son effet se rencontre cependant dans le phénomène.


Schopenhauer : Temps, espace et causalité peuvent se tirer et se déduire entièrement du sujet lui-même, abstraction faite de l’objet.


Georgette : Quand je pense que mes contemporains ne peuvent toujours pas intégrer ces notions !


Kant : Je continue ? Ce sujet agissant ne serait donc pas soumis, quant à son caractère intelligible, à des conditions de temps, car le temps n’est que la condition des phénomènes, mais non des choses en soi. En lui ne naîtrait ni ne périrait aucun acte.


Georgette : Ca, Manu, c’est courageux.


Démocrite : Il a souvent été démontré qu’en réalité nous ne savons pas ce que chaque chose est ou n’est pas.


Kant : Toute connaissance des choses qui provient uniquement de l’entendement pur ou de la raison pure est simple apparence et il n’est de vérité que dans l’expérience.


Nietzsche : Bien ! Donc, le sujet seul est démontrable. Hypothèse selon laquelle il n’y aurait que des sujets, « l’objet » n’étant qu’une sorte d’action d’un sujet sur un autre sujet … un mode du sujet.


Georgette : Par Zeus ! Tu touches au vrai, fils ! Si je peux me permettre…


Démocrite : J’aimerais mieux trouver une seule certitude causale plutôt que de devenir roi des Perses.


Nietzsche : Il n’y a ni cause, ni effets… Un événement n’est ni causé, ni causatif… La cause est un pouvoir de produire des effets, inventé après coup pour ce qui s’est passé.


Georgette : Parfaitement.


Schopenhauer : La vérité la plus certaine est que toute chose qui se produit, petite ou grande, se produit par une entière nécessité.


Aristote : Ah que non ! Il n’y a pas de cause déterminée de l’accident, il n’y a qu’une cause fortuite, autrement dit indéterminée… La chose accidentelle se produit ou existe, non en tant qu’elle-même, mais en tant qu’autre chose. C’est la tempête qui est cause que vous ayez abordé à Egine.


Nietzsche : Il n’y a pas de faits, rien que des interprétations.


Alain : Il faut être bien savant pour saisir un fait.


Nietzsche : Certes ! En outre, il est impossible que les phénomènes puissent être des causes.


Hegel : Il est vrai que les individus n’empêchent pas qu’arrive ce qui doit arriver.


Georgette : T’es sûr de toi, même si ça les touche personnellement ?


Nietzsche : C’est absurde ! On ne devient que ce que l’on est.


Georgette : Exact ! A l’ordinaire, le futur de toute chose est son passé.


Parménide : Leur chemin à tous revient sur soi.


Démocrite : Rien ne se produit par hasard, mais il existe une cause déterminée pour tout ce que nous considérons comme se produisant spontanément ou au hasard.


Nietzsche : Absolument ! En outre, le déterminisme n’est nuisible qu’à la morale qui croit au libre arbitre comme présupposé de la moralité, à la « responsabilité ».


Héraclite : Résumons nous ! Même ceux qui dorment travaillent et collaborent à ce qui arrive dans le monde.


Heidegger : Tel n’est pas mon sentiment. L’homme est dans la situation d’être jeté . L’homme n’est pas le maître de l ‘étant.


Nietzsche : Au fond, l’aveu que l’on est dépassé est une explosion du mépris de soi.


Georgette : Et toc !


Anaximandre : Ce d’où les étants tirent leur être, c’est là que, par la destruction, ils retournent selon une loi inéluctable. Car ils se rendent justice et réparation de leur mutuelle injustice, selon l’ordre du temps.


Georgette : Ca ! Pour une allusion à l’harmonie globale pré-morale, c’est fort bien vu !!


Anaxagore : Rien de ce qui se produit n’est l’effet du destin, ce mot est vide.


Nietzsche : A l’origine de tout, l’erreur fatale a été de croire que la volonté est quelque chose qui agit – que la volonté est une faculté – Aujourd’hui nous savons que ce n’est qu’un mot.


Spinoza : Ceux donc qui croient parler, se taire ou faire quoi que ce soit en vertu d’un libre décret de l’esprit rêvent les yeux ouverts.


Nietzsche : Ce qui entraîne l’extraordinaire solidité de notre croyance en la causalité, ce n’est pas la grande habitude de la succession des phénomènes, mais bien notre incapacité à interpréter un événement autrement que comme un événement intentionnel.


Georgette : Comme si « l’intention », en terme de cause, pouvait exister en ce monde !


Spinoza : Il n’y a dans l’esprit aucune volonté absolue ou libre ; mais l’esprit est déterminé à vouloir ceci ou cela par une cause, qui elle aussi est déterminée par une autre, celle-ci à son tour par une autre, et ainsi à l’infini.


Hume : Il est vrai que nous ne faisons qu’éprouver une connexion ou une détermination de la pensée à passer d’un objet à un autre.


Sartre : Probablement, mais pourquoi cet être-ci est-il tel et non autrement ? Il est en tant qu’il y a en lui quelque chose dont il n’est pas le fondement : sa présence au monde.


Heidegger : Le rapport consiste en ce que l’être laisse l’étant « à son risque ». L’être lâche et libère l’étant dans le risque. Cette libération qui lance l’étant en le lâchant à l’aventure, voilà ce qui constitue proprement le risque.


Héraclite : Le monde n’est pas engendré par le temps, mais par la pensée.


Aristote : Toi « l’Obscur » ça va ! L’être par accident n’est l’objet d’aucune spéculation. La preuve, c’est qu’aucune science, ni pratique, ni poétique, ni théorétique ne s’en occupe.


Georgette : Quelle belle chose que la science théorétique ! Encore une de tes opacités.


Lévinas : Le souci, c’est la facticité, le fait d’être-dores-et-déjà-au-monde sans l’avoir choisi.


Sartre : Il est en tant qu’il est jeté dans un monde, délaissé dans une « situation », il est en tant qu’il est pure contingence.


Georgette : La pensée momentanée est un effet, l’environnement, qui lui est simultané, est également un effet, et donc rien n’a d’origine. Si vous comptez échapper à l’existence, je vous souhaite bien du plaisir !


Platon : Ainsi, Dieu, s’il a le bien en lui, ne saurait être la cause de toutes choses, comme on le dit couramment : il y a un domaine assez étroit des affaires humaines dont il est cause, et un vaste domaine qui exclut sa causalité – car le chiffre des biens n’atteint pas celui des maux, sur terre – Les biens ne peuvent avoir d’autre cause que Dieu, sur terre, mais les maux obligent à chercher des causes ailleurs qu’en Dieu.


Démocrite : Mais qu’est-ce qu’il raconte, le Divin !°


Georgette : Ah ! Les « panseurs » et la causalité ! 


Platon : Les causes errantes ne peuvent faire preuve d’aucune conduite rationnelle, d’aucune intention intelligente en vu de quoi que ce soit… En distinguant bien entre toutes celles qui, douées d’intelligence produisent des choses belles et bonnes, et toutes celles qui, privées de raison, produisent à tous les coups leurs effets au hasard et sans ordre.


Diogène le Cynique : Bavard prolixe !


Georgette : Alors ça ! des causes « privées de raison » produisant leurs « effets au hasard et sans ordre » ! c’est pas une démission, ça ?


Nietzsche : Quelle dose de vérité un esprit sait-il supporter, quelle dose de vérité peut-il risquer ? Voilà qui devient pour moi le vrai critère des valeurs. L’erreur est une lâcheté !… Toute acquisition de la connaissance est la conséquence du courage, de la dureté envers soi, de la probité envers soi.


Georgette : Et toi Démonax le Cynique, de quelles ressources disposais-tu donc pour passer des jeux d’enfants à la philosophie ?


Démonax : De testicules !


Georgette : Ca me paraît clair et courageux.


Aristote : Madame, Messieurs ! Un peu de bon sens. Les accidents ne relèvent d’aucun art, ni d’aucune puissance déterminée, car de ce qui est ou devient par accident les causes aussi sont accidentelles


Georgette : Géomètre n’est pas philosophe !


Héraclite :Tout se produit conformément au destin, lequel est identique à la nécessité.


Leucippe : Rien ne se produit vainement, mais tout se produit à partir d’une raison et en vertu d’une nécessité.


Nietzsche : Exact ! En outre, il n’y a ni causes finales ni causes efficientes.


Georgette : Vous me rassurez, Messieurs.


Hegel : Messieurs ! Le but de l’existant est ce qu’il est en lui-même et en vérité, c’est-à-dire son concept.


Georgette : Son concept !!


Nietzsche : Jamais une action n’est provoquée par une fin. La fin et les moyens sont des interprétations dans lesquelles on souligne et met en valeur certains traits d’un événement aux dépens d’autres traits, qui sont les plus nombreux.


Schopenhauer : La « volonté » se présente toujours comme l’élément primaire et fondamental, sa prédominance sur l’intellect est incontestable, celui-ci est absolument secondaire, subordonné, conditionné. Or, tous les philosophes antérieurs placent l’être véritable de l’homme dans la connaissance consciente ; le moi, ou chez quelques uns l’hypostase transcendante de ce moi appelée âme, est représenté avant tout et essentiellement comme connaissant, ou même comme pensant ; ce n’est que d’une manière secondaire et dérivée qu’il est conçu et représenté comme un être voulant.


Georgette : Myopie fait force de loi pour le manque de probité !


Nietzsche : Nous n’avons maintenant plus aucune indulgence pour la notion de « libre arbitre » ; nous ne savons que trop ce que c’est – le plus suspect des tours de passe-passe des théologiens, aux fins de rendre l’humanité « responsable » au sens où ils l’entendent, c’est-à-dire de la rendre plus dépendante des théologiens.


Georgette : Fallait que ce soit dit.


Platon : Objection ! Il est juste de qualifier chacune de nos actions. Si tu la nommes mauvaise selon qu’elle produit du mal, tu dois la nommer bonne selon qu’elle produit du bien.


Antisthène le Cynique : Toi aussi, tu m’as l’air d’un cheval qui se pavane.


Nietzsche : Il ne peut rien y avoir de condamnable en soi. Rien de ce qui se produit ne peut être en soi condamnable : car tout est à tel point lié à tout, que vouloir exclure quelque chose serait vouloir tout exclure.


Georgette : Quelle belle ampleur de vue !


Nietzsche : Lorsque les choses nous sont inconnues, l’homme l’est aussi. Que signifie alors louer et blâmer !… L’antique illusion selon laquelle on saurait, on saurait très précisément et dans tous les cas comment se produisent les actions humaines, est toujours très vivante.


Georgette : J’abonde en ton sens.


Aristote : Pour dire le vrai, c’est surtout dans les êtres animés que le bien et le mal signifient la qualité, et, parmi ces êtres, principalement dans ceux qui sont doués du libre choix.


Nietzsche : Monsieur ! Vous vous méprenez ! Chaque fois que l’on cherche à « établir des responsabilités » c’est habituellement l’instinct de vouloir punir et juger qui est à l’œuvre… La théorie de la volonté a été essentiellement inventée à des fins de châtiment… Si l’on a conçu les hommes « libres » c’est à seule fin qu’ils puissent être jugés et condamnés, afin qu’ils puissent devenir coupables : par conséquent il fallait absolument que chaque action fut conçue comme résidant dans la conscience.


Pascal : Je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue sans que je sache pourquoi je suis placé en ce lieu plutôt qu’en un autre, ni pourquoi ce peu de temps qui m’est donné à vivre m’est assigné à ce point plutôt qu’à un autre.


Georgette : Le concept de création, divine ou pas, nuit à la réflexion.


Nietzsche : Assurément ! En outre, c’est un non sens que de nous considérer comme une cause. Que savons nous des causes et des effets !


Sartre : Je ne puis m’en remettre qu’à moi du soin de me faire être, encore que je n’aie pas choisi d’être et que je sois né.


Nietzsche : « J’ignore tout de ce que je fais ! » « J’ignore tout de ce que je dois faire ! » Tu as raison, mais n’en doute pas : tu es fait ! à chaque instant ! De tout temps l’humanité a confondu l’actif et le passif, c’est son éternelle bourde grammaticale.


Georgette : Parbleu ! Il est vrai que nous « sommes faits » !


Platon : Que nenni ! L’âme ressemble de très près à ce qui est divin, immortel, intelligible, simple, indissoluble, toujours le même et toujours semblable à lui-même, et que le corps ressemble parfaitement à ce qui est humain, mortel, non intelligible, multiforme, dissoluble et jamais pareil à soi-même.


Kant : Quel plaisir ! Il me semble m’entendre parler !


Heidegger : Permettez messieurs ! Ce n’est que dans la sophistique et chez Platon que l’apparence est déclarée trompeuse et, comme telle, abaissée. Du même coup l’être est élevé, comme Idée, en un lieu suprasensible. La cassure est marquée entre l’étant purement apparent ici-bas, et l’être réel quelque part là-haut ; c’est dans cet intervalle que s’installera plus tard la doctrine du christianisme, qui en même temps, selon un changement de perspective, interprétera l’inférieur comme le créé, et le supérieur comme le créateur.


Georgette : Ni créateur, ni choses créées ! Cela soulage !


Sextus Empiricus : L’être humain, pour autant que l’on écoute ce qui est dit par les dogmatiques, me semble être non seulement insaisissable mais aussi inconcevable.


Nietzsche : L’hypothèse d’un monde créé ne doit pas nous préoccuper un instant. Le concept de « création » est aujourd’hui absolument indéfinissable, innaplicable.


Hegel : Dieu tonne et n’est pas reconnu.


Georgette : Il est donc à tout le moins impuissant !


Kant : Ce que peuvent être les choses en soi, je ne le sais pas et je n’ai pas besoin de le savoir, parce qu’une chose ne peut jamais se présenter à moi dans le phénomène.


Georgette : Et toi en tant qu’en soi, mec !


Héraclite : Le manque de foi fuit pour ne pas connaître.


Hegel : Les rapports humains nécessaires que chaque homme entretient avec lui-même consistent pour lui :a) à assurer l’indépendance de sa nature spirituelle par rapport à sa nature physique, b) à se soumettre et à se rendre adéquat à son essence spirituelle universelle, ce qui est le rôle de la formation au sens le plus général du terme.


Platon : Très pertinent ! L’âme ne raisonne pas mieux que quand rien ne la trouble, ni l’ouïe, ni la vue, ni la douleur, ni quelque plaisir, mais qu’au contraire elle s’isole le plus complètement en elle-même, en envoyant promener le corps et qu’elle rompt, autant qu’elle peut, tout commerce et tout contact avec lui pour essayer de saisir le réel.


Merleau-Ponty : Non point ! Il convient de définir l’esprit comme l’autre côté du corps. Nous n’avons pas l’idée d’un esprit qui ne serait pas doublé d’un corps, qui ne s’établirait pas sur ce sol.


Schopenhauer : Pis encore ! Mon corps n’est pas autre chose que ma « volonté » devenue visible.


Nietzsche : Je peux comprendre ça. Les actes qui nous sont les plus habituels finissent par former autour de nous comme un édifice solide.


Georgette : Je partage votre point de vue. Manu, tu voulais en revenir à la causalité ?


Kant : Le concept de la cause, qui exprime la nécessité d’un effet sous une condition supposée, serait faux, s’il ne reposait que sur une nécessité subjective arbitraire et innée en nous de lier certaines représentations empiriques suivant une telle règle de relation. Je ne pourrais pas dire que l’effet est lié à la cause dans l’objet, mais seulement que je suis constitué de telle sorte que je ne peux penser cette représentation autrement que liée de cette manière ; or, c’est là précisément ce que le sceptique désire le plus ; car alors toutes nos lumières fondées sur la prétendue valeur objective de nos jugements ne sont que pure apparence.


Sextus Empiricus : Exact !


Schopenhauer : Je souhaite ne jamais m’exprimer comme lui !


Bergson : En réalité, il n’y a pas d’idée philosophique, si profonde ou si subtile soit-elle, qui ne puisse s’exprimer dans le langage de tout le monde. Plus les mots que nous choisirons seront ordinaires, mieux ils traduiront ce que nous pensons, pourvu que nous ayons seulement pris la peine de penser.


Georgette : Bien vu Henri ! En général, la complexité est la marque du manque d’idées novatrices. Malgré cela, ta dernière conclusion est bonne Manu !


Sextus Empiricus : Si l’on dit qu’un dogme est l’assentiment à quelque chose d’obscur, alors nous disons que le sceptique n’appartient pas à une école.


Schopenhauer : La clarté est la bonne foi des philosophes a dit Vauvenargues.


Nietzsche : Nier toute espèce de fin et comprendre que nous ne pouvons connaître aucune causalité.


Aristote : Je ne participe guère de ce point de vue. Il faut que la cause, ou principe, existe en dehors des choses dont elle est le principe et puisse en être séparée.


Kant : C’est bien vrai ! Est-il raisonnable d’admettre la finalité de l’organisation de la nature dans le détail et cependant l’absence de finalité dans l’ensemble ?


Bergson : Ils m’agacent avec leur ordre !


Héraclite : Des obsessos !°


Aristote : Il n’est pas douteux, en effet, que si le divin est présent quelque part, il est présent dans cette nature immobile et séparée ( que sont les corps célestes )… On ne s’aperçoit pas de l’impossibilité qu’il y a de définir les êtres individuels, quand il s’agit des êtres éternels, surtout ceux qui sont uniques, comme le soleil ou la lune.


Descartes : Je vous oppose les sceptiques, qui révoquaient en doute les démonstrations mêmes de géométrie, et je soutiens qu’ils ne l’eussent pas fait s’ils eussent eu une connaissance certaine de la vérité d’un dieu.


Sextus Empiricus : Tu sais ce qu’ils te disent les Sceptiques ?


Nietzsche : Ce qui a besoin d’être prouvé ne vaut pas grand chose !


Sextus Empiricus : D’où la pensée saura-t-elle si les affects des sens sont semblables aux objets sensibles, elle qui ne rencontre pas les objets extérieurs ?


Hegel : Permettez Monsieur ! L’esprit doit parvenir au savoir de ce qu’il est vraiment et objectiver ce savoir, le transformer en un monde réel et se produire lui-même objectivement.


Georgette : S’il continue je le fais évacuer de mon restaurant !


Kant : Madame ! Les idées de la raison pure… nous sont données par la nature de notre raison, et il est impossible que ce suprême tribunal de tous les droits et de toutes les prétentions de notre spéculation renferme lui-même des illusions et des prestiges originels.


Georgette : C’est pas une pétition de principe, çà, Manu ? Tu es incroyable de mauvaise foi !


Heidegger : Ouvrez les yeux Monsieur ! La domination intacte de la métaphysique s’organise même là où nous ne l’attendons pas - dans le parachèvement de la logique en logistique.


Georgette : Très bien vu Martin. Et les termites, qui ne sont paraît-il qu’industrieux, y parviennent admirablement sans la « raison ». Et sans légionellose, semble-t-il ! Mais ne nous éloignons nous pas de la causalité ?


Nietzsche : A la réflexion, il est conséquent de nier le temps dans la cause et l’effet.


Schopenhauer : Pris sous un autre angle, si l’on suppose que l’effet et la cause sont simultanés, il faut réduire le cours du monde à un simple moment.


Georgette : Là, Arthur, tu m’en imposes !


Démocrite : De fait, il est impossible que toutes choses soit engendrées, puisqu’en effet le temps est inengendré.


Georgette : J’me sens bien avec vous !


Nietzsche : Que dire du Moi ! Il est devenu une fable, une fiction, un jeu de mots : il a tout à fait cessé de penser, de sentir et de vouloir ! … Qu’en découle-t-il ? Il n’y a plus la moindre cause spirituelle !


Schopenhauer : De fait, toute erreur est une conclusion de l’effet à la cause.


Descartes : Mais non ! Toutes les choses que nous concevons clairement et distinctement sont vraies, selon que nous les concevons.


Kant : Absolument ! Et l’autonomie de la volonté est cette propriété qu’a la volonté d’être à elle-même sa loi.


Démocrite : Méfiez vous avec votre « volonté » ! Les causes des choses actuellement engendrées n’ont nul commencement.


Kant : Objection ! Tout être qui ne peut agir autrement que sous l’idée de la liberté est par cela même, au point de vue pratique, réellement libre.


Georgette : Etre « sous » une idée, ce n’est pas être libre.


Nietzsche : Nous nions qu’il existe une volonté, sans même parler de « libre arbitre ».


Heidegger : L’Etre de l’étant apparaît pour la métaphysique moderne comme volonté.


Georgette : Ce n’est qu’une déduction puisque l’on constate que tout est « effet ». En outre, le concept d’ « Etre » est un fourre-tout facile pour le manque de perspicacité et la mollesse intellectuelle.


Hegel : Il est aisé de comprendre que l’esprit libre se rapporte nécessairement à lui-même, que s’il en était autrement, il serait non libre et dépendant.


Kant : J’entends par liberté… la faculté de commencer de soi-même un état dont la causalité n’est pas subordonnée à son tour… à une autre cause qui la détermine quant au temps.


Georgette : Manu !! En quoi « soi-même » ne serait-il pas un effet ?? Et alors !!!


Nietzsche : Ma théorie, c’est que « plaisir », « déplaisir », « volonté », « fin », ne sont que des phénomènes secondaires, jamais des causes. Toute finalité dite intellectuelle est une fiction.


Kant : Objection ! Toute chose dans la nature agit d’après des lois. Il n’y a qu’un être raisonnable qui ait la faculté d’agir d’après la représentation des lois, c’est-à-dire d’après les principes, en d’autres termes, qui ait une volonté.


Georgette : Que sais tu des lois selon lesquelles les choses « agissent », toi, vu de Königsberg ? Prétention !!


Nietzsche : Gardons nous de dire qu’il y a des Lois dans la nature. Il n’y a que des nécessités : nul n’y commande, nul n’y obéit, nul ne transgresse.


Georgette : Comme pour les humains ! Des événements se produisent dans le monde, mais il n’y a pas d’acteurs.


Nietzsche : La nature d’une action est inconnaissable ; ce que nous appelons ses « motifs » ne meut rien ; c’est une illusion que de prendre le consécutif pour un rapport de cause.


Philolaos : Dans le monde des corps célestes fixes, la sagesse règne, alors que le monde désordonné des choses en devenir connaît la vertu ; la sagesse est parfaite, la vertu imparfaite.


Georgette : Alors moi je dis : non au cauchemar Pythagoricien !


Kant : C’est donc nous-mêmes qui introduisons l’ordre et la régularité dans les phénomènes que nous appelons nature, et nous ne pourrions les y trouver s’ils n’y avaient pas été mis originairement par nous ou par la nature de notre esprit.


Georgette : Ah ! Quand même !


Nietzsche : Dès lors, pourquoi parler à tort et à travers des événements et des hasards ! Il ne vous arrivera jamais d’autres événements que vous-mêmes ! Et quant à ce que vous nommez le « hasard », vous êtes vous-mêmes le bien qui vous échoit et le malheur qui vous tombe dessus..


Schopenhauer : Exactement ! Le caractère de l’homme est invariable. Sous l’enveloppe changeante des années, des circonstances où il se trouve, même de ses connaissances ou de ses opinions, demeure comme l’écrevisse dans son écaille l’homme identique et individuel, absolument immuable.


Hegel : Envisagé selon le moment de son irritabilité, absolument parlant, l’organisme est en relation avec sa nature inorganique.


Georgette : « En relation » dit-elle ! Ca, pour de l’euphémisme !!


Nietzsche : L’ensemble du monde organique est un enchaînement d’êtres, entourés chacun de petits univers qu’ils se sont créés en projetant en dehors d’eux leur force, leurs désirs, leurs expériences habituelles, pour en faire leur monde extérieur. Il n’y a pas de monde inorganique.


Platon : Permettez Monsieur ! L’âme du philosophe méprise profondément le corps, le fuit et cherche à s’isoler en elle-même.


Spinoza : En outre, tout ce que nous jugeons être bon, autrement dit utile pour conserver notre être et jouir d’une vie raisonnable, il nous est permis de nous en emparer pour notre usage et de nous en servir à volonté. Et il est permis sans restriction aucune à chacun, par le droit suprême de la Nature, de faire ce qu’il juge contribuer à son utilité.


Georgette : Toi aussi, Spino, tu as un côté amerloque !


Heidegger : La terre est l’afflux infatigué et inlassable de ce qui est là pour rien.


Georgette : Pour rien ! Ca, Martin, c’est pas prétentieusement anthropocentrique ?


Spinoza : Ce qui se trouve dans la nature, les hommes mis à part, la norme de notre utilité ne demande pas que nous le conservions, mais elle nous conseille de le conserver pour divers usages, de le détruire, ou de l’adapter par tous les moyens à notre usage


Georgette : De la naissance de l’abrutissement « pragmatique » !!


Hegel : Le mouvement de l’idée de nature consiste pour elle à sortir de son immédiateté pour aller en elle-même, se supprimer elle-même et devenir esprit.


Georgette : Incroyable !


Nietzsche : Toute action, toute pensée, toute émotion apporte sa pierre à ton bonheur ou ton malheur futur : elles construisent ton cœur, tes habitudes, il n’y a rien d’indifférent. Il faudra expier ta frivolité logique.


Hegel : Ce qui est méchant se fait par là même étranger à Dieu.


Antisthène le Cynique : Il est digne d’un roi de s’entendre calomnier quand on fait le bien.


Héraclite : Il ne faut pas agir et parler comme des dormeurs. Car alors aussi nous croyons agir et parler.


Gide : Les événements sont appropriés aux caractères. Rien de ce qui nous arrive n’est fait pour autrui.


Nietzsche : A chaque instant, si bref soit-il, il y a une nécessité absolue de ce qui se passe en nous… Nous disons : je veux, là où nous devrions dire : « je suis forcé ».


Hegel : Les orientaux ne savent pas que l’esprit ou l’homme en tant que tel et en soi-même est libre.


Georgette : Quelle impressionnante culture !


Héraclite : Ah ! La culture !


Sextus Empiricus : Nous ne possédons donc pas de démonstration par laquelle nous préférons nos propres impressions à celles qui adviennent aux animaux que l’on dit sans raison.


Georgette : Tes propos sont nobles et justes.


Nietzsche : La vérité, c’est que nous ne pouvons rien penser de ce qui est.


Georgette : Ca, mes loulous, c’est un problème d’éveil.


Luc Ferry : « Eveil », c’est même pas dans les dictionnaires philosophiques !°


Hegel et Descartes, à l’unisson : My God !


Démocrite : Les principes de toutes choses sont les atomes et le vide, et tout le reste n’existe que par convention. Les mondes sont illimités et sujets à génération et à corruption. Rien ne saurait être engendré à partir du non-être et rien ne saurait, en se corrompant, retourner au non-être.


Kant : Permettez ! Si le conditionné est donné, il faut que soit aussi donné toute la série des conditions subordonnées, série qui, par suite, elle-même, est inconditionnée.


Georgette : T’affole pas Manu, le « conditionné » relève de la doxa, de l’opinion, tu dois pouvoir faire mieux !


Empédocle : J’aimerai placer un mot. Je pense qu’il y a quatre éléments : le feu, la terre, l’eau et l’air. Ces éléments sont non-engendrés. Tantôt de par l’amour ensemble ils constituent une unique ordonnance. Tantôt chacun d’entre eux se trouve séparé par la haine ennemie… L’Un est sphérique, éternel et immobile. L’Un est la nécessité.


Nietzsche : Beau et juste. Qu’une chose se réduise à une somme de relations ne prouve rien contre sa réalité.


Empédocle : C’est à partir des éléments que toutes choses sont formées et ajustées ; et ce sont eux aussi qui forment la conscience, et plaisir et douleur.


Xénophane : C’est de la terre et de l’eau que tous nous naissons.


Hegel : Objection ! La nature est l’existence inconsciente de l’idée divine ; c’est seulement dans le domaine de l’esprit que l’idée se manifeste dans son propre élément et devient connaissable.


Kant : La matière n’est pas une chose en soi, mais seulement un mode de représentation en nous.


Georgette : Là, Manu, je te trouve pour le moins un peu léger ! Et bien péremptoire !


Heidegger : Une pierre n’a pas de monde. Les plantes et les animaux, également, n’ont pas de monde.


Georgette : Que nenni ! Tout étant est porteur de l’éveil ultime. Et, de fait, l’Objet fondamental de vénération pour l’introspection du cœur est fait de bois, ou de papier et d’encre.


Kant : Mais à la réflexion, et si je le veux, je peux également déclarer ceci : J’accorde sans contredit qu’il y a en dehors de nous des corps, c’est-à-dire des choses, dont, tout en ne connaissant absolument pas ce qu’elles peuvent être en elles-mêmes, nous prenons connaissance grâce aux représentations que nous procurent leur influence sur notre sensibilité.


Georgette : C’est déjà mieux Manu, mais pourquoi seulement « en dehors de nous » !!


Nietzsche : Théologiens mal instruits !!!


Kant : Bon ! En réalité, la représentation de toutes les choses est la représentation de notre propre état intérieur.


Georgette : Et bien tu vois, Manu, quand tu le veux tu tombes pile.


Kant : Oui, mais j’étais posthume !


Merleau-Ponty : Le ça, l’inconscient et le moi, à comprendre à partir de la chair.


Parménide : Revenons-en à la raison et traitons de l’étant.

Il est tout entier plein d’étant, aussi est-il tout entier continu, car de l’étant touche à de l’étant….

Le même et restant dans le même, il se tient en soi-même et c’est ainsi qu’il reste planté là au sol, car la nécessité puissante le tient dans les liens de la limite qui l’enclôt tout autour ; c’est pourquoi il est de règle que l’étant ne soit pas dépourvu d’achèvement….

Et le temps n’est ni ne sera pas autre chose en plus de l’étant.


Kant : Tous les phénomènes contiennent quelque chose de permanent considéré comme l’objet lui-même, et quelque chose de changeant, considéré comme une simple détermination de cet objet, c’est-à-dire d’un mode d’existence de l’objet.


Parménide : En tous cas, tu apprendras ceci : comment tout phénomène est, en son apparaître, lui qui, à travers tout, pénètre toutes choses.


Georgette : Là, mon vieux, tu es grand !


Mélissos : L’être est infini, parce qu’il n’a ni commencement ni fin et il l’est aussi bien qu’il est éternel… Mais de même qu’il est toujours, il faut toujours que sa grandeur soit infinie.


Heidegger : L’étant est dans son Etre indépendant du temps.


Georgette : Ah ! Je respire mieux. Bon. Nous allons maintenant attaquer de front le problème de la mort. Avant cela, vous n’avez pas un petit creux, les filles ?


La foule, unanime : Ben oui ! Comme d’ab !


Vie et mort


4 - Vie et Mort


Georgette : Maintenant que nous nous sommes tous restaurés nous allons aborder le thème de la vie et de la mort. Quelqu’un veut-il commencer ?


Aristote : En général, tous trouvent désirable et aimable le fait même d’exister ; or notre existence ne se manifeste que par la force en acte, c’est-à-dire par la vie et l’action.


Théognis : Certes. Mais le plus enviable de tous les biens sur terre est de n’être point né, de n’avoir jamais vu les rayons ardents du soleil ; si l’on naît, de franchir au plus tôt les portes de l’Hadès, et de reposer sous un épais manteau de terre.


Aristote : A la réflexion, la meilleure de toutes les choses est de ne pas naître et la mort est préférable à la vie..


Zénon d’Elée : Messieurs ! La philosophie permet de mépriser la mort.


Epicure : Le plus terrifiant des maux, la mort, n’a aucun rapport avec nous, puisque précisément, tant que nous sommes, la mort n’est pas là, et une fois que la mort est là, alors nous ne sommes plus. Ainsi, elle n’a de rapport ni avec les vivants, ni avec les morts, puisque pour les uns elle n’est pas là, tandis que les autres ne sont plus.


Georgette : Et toi, Thalès, t’en penses quoi ?


Thalès : La mort n’est pas différente de la vie.


Georgette : Ah ! Mais toi, pourquoi ne meurs-tu pas ?


Thalès : Parce qu’il n’y a aucune différence.


Georgette : Tu m’impressionnes mon grand. La mort, en effet, n’est jamais que celle de « l’autre ».


Alain : La « mort » est une maladie de l’imagination.


Empédocle : Car autrefois je fus jeune homme, et jeune fille, et arbuste et oiseau et muet poisson de mer.


Spinoza : De quoi parlez-vous Messieurs ! Soyons réalistes ! L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie.


Lévinas : Sans aucun doute ! La mort n’est pas du monde. Elle est toujours un scandale et, en ce sens, toujours transcendante au monde.


Montaigne : Permettez Messieurs ! La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. Qui a appris à mourir, il a désappris à servir.


Héraclite : Mort est tout ce que nous voyons, éveillés, et tout ce que nous voyons en dormant, sommeil.


Schopenhauer : D’autre part, et on ne saurait le contester, le « non-être » d’après la mort ne peut différer de celui d’avant la naissance ; il ne mérite donc pas plus d’exciter nos craintes.


Heidegger : L’homme est un-être-pour-la-mort.


Georgette : Objection Martin ! Cela présuppose l’existence d’un « temps » en soi !


Parménide : Sans conteste ! Le temps n’est ni ne sera quelque chose en plus de l’étant.


Anaxagore : L’être ne peut cesser d’être.


Parménide : Ne pas être n’est pas possible.


Kant : L’espace et le temps ne sont que des formes de l’intuition sensible et, par conséquent, que des conditions de l’existence des choses comme phénomènes. Par conséquent nous ne pouvons connaître aucun objet comme chose en soi, mais seulement en tant qu’objet d’intuition sensible.


Georgette : En deux mots ?


Kant : Le temps n’est autre chose qu’une condition subjective de notre humaine intuition.


Sartre : Pourtant, tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par rencontre.


Aristote : Absolument ! Sera-ce de maladie ou de mort violente, on n’en sait rien encore, ce sera seulement si tel autre événement se produit. Il est donc clair que l’on remonte ainsi à un principe, lequel ne se réduit plus à aucun autre. Tel sera le principe de tout ce qui est dû au hasard ; ce principe n’aura lui-même été produit par aucune autre cause.


Bergson : Concevoir est un pis aller quand il n’est pas donné de percevoir.


Nietzsche : Un fait n’est ni causé ni causant !


Georgette : Chapeau, fils ! Tu fais fort !


Démocrite : C’est vrai ! Et je dis que les causes des choses actuellement engendrées n’ont nul commencement.


Parménide : L’être est sans origine et sans cesse.


Georgette : Yes. Et avec son environnement, qui plus est !


Bergson : A vrai dire, toutes les manières de parler, de penser, de percevoir impliquent en effet que l’immobilité et l’immutabilité sont de droit, que le mouvement et le changement viennent se surajouter, comme des accidents, à des choses qui par elles-mêmes ne se meuvent pas, et en elles-mêmes ne changent pas.


Démocrite : Rien ne se crée de ce qui n’est pas, rien ne se perd dans ce qui n’est pas.


Georgette : Il est bon de l’affirmer.


Philolaos : Il n’en est rien ! C’est en punition de certaines fautes que l’âme a été attelée au corps et ensevelie en lui comme dans un tombeau.


Conche : Tout ce qu’il y a dans le monde est voué à ne plus être… En quoi la vie [ des mortels] a-t-elle été une vie vraiment réelle ? .. Ce qui meurt, qui cesse d’être, n’a, par là-même, jamais vraiment été.


Héraclite : Ne faisons pas de conjectures hasardeuses au sujet des choses les plus grandes.


Heidegger : La volonté désire l’éternité de ce qu’elle a voulu.


Parménide : On ne peut ni formuler ni penser que « n’est pas » soit.


Nietzsche : Comment l’étroite perspective de la conscience nous permettrait-elle d’une quelconque manière des énoncés sur le « sujet » et « l’objet » par lesquels on toucherait la réalité !


Schopenhauer : Le présent est la seule chose qui existe, toujours stable, inébranlable.


Aristote : Il n’est pas douteux, en effet, que si le divin est présent quelque part, il est présent dans cette nature immobile et séparée. (corps célestes)


Descartes : Qui plus est, je n’aurais pas l’idée d’une substance infinie, moi qui suis un être fini, si elle n’avait été mise en moi par quelque substance qui fut réellement infinie.


Nietzsche : Le fini ! !


Parménide : L’embarras qui est dans leur poitrine dirige une pensée errante.


Platon : La mort est un raccourci qui nous mène au but, puisque, tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n’atteindrons jamais complètement ce que nous désirons.


Nietzsche : A quoi bon un « au-delà », si ce n’était là un moyen de salir notre « en-deçà » ?


Georgette : Il n’est pas d’au-delà de là.


Anaxagore : Il n’est pas possible qu’il y ait d’existence séparée, mais chaque chose participe à une partie de chaque chose.


Aristote : Attention ! La connaissance vulgaire elle-même devient impossible, car comment appréhender des êtres qui sont infinis en acte ?


Lévinas : La mort est phénomène de la fin tout en étant la fin du phénomène.


Georgette : C’est beau et con !


Nietzsche : Ah !! On ne périt jamais que par soi-même.


Anaximandre : C’est de l’illimité que sont issues toutes choses qui naissent, et c’est à lui que retournent toutes choses qui se corrompent.


Epicure : Les mondes sont en nombre illimité.


Anaxagore : Du moment qu’il ne peut y avoir un dernier degré de petitesse, les choses ne peuvent être séparées ni venir à l’existence


Epicure : Rien ne devient à partir de ce qui n’est pas.


Schopenhauer : Sans doute on pourrait soutenir que notre être en soi persiste après la mort, parce qu’il est faux qu’il meure ; mais on peut aussi bien prétendre qu’il meurt, parce qu’il est faux qu’il continue de durer.


Georgette : Cela me paraît très clair.


Anaxagore : Nul être n’est ni engendré, ni détruit, mais tout se trouve composé et discriminé à partir des choses qui existent. Aussi conviendrait-il de désigner plus correctement la génération par le terme de composition et la mort par celui de discrimination.


Schopenhauer : Nous voici donc amenés à l’idée d’une indestructibilité qui ne serait pourtant pas une permanence.


Georgette : Il n’est donc pas de permanence « à l’identique » d’une quelconque substance simple.


Empédocle : De ce qui n’est pas, le moyen de naître ? Il ne se peut d’aucune manière que ce qui est soit aboli ! Car on le verra toujours posé là où l’on a pris appui.


Kant : A dire vrai, le temps n’est autre chose que la forme du sens interne, c’est-à-dire de l’intuition de nous-mêmes et de notre état intérieur.


Héraclite : La vie et la mort sont une seule et même chose ; de même, la veille et le sommeil, la jeunesse et la vieillesse ; car les premiers de ces états sont devenus les seconds et les seconds, à rebours, devenus les premiers.


Aristote : Objection ! Il est impossible qu’une chose soit et ne soit pas en même temps.


Héraclite : Nous sommes et nous ne sommes pas.


Georgette : Harry ! Dans le même instant tu peux paraître vieux à un jeune enfant et jeune à un vieillard. Le « même » arbre peut-être vertical pour l’un et non vertical pour l’autre.


Nietzsche : Cette vie présente- c’est ta vie éternelle.


Lévinas : Le néant est pensable dans la mort.


Parménide : Il n’y a pas de non-exister.


Empédocle : Ainsi ces choses ne sont ni visibles pour les hommes, ni audibles, ni saisissables par l’esprit.


Aristote : Nous disons que même le non-être est : il est non-être.


Parménide : On ne peut ni formuler ni penser que « n’est pas » soit.


Mélissos : Rien n’est vide ; car le vide n’est rien et ce qui n’est rien ne peut être.


Empédocle : Dans le tout, point de vide. Et d’où proviendrait donc ce qui pourrait s’y rajouter ?


Epicure : Le tout a toujours été tel qu’il est maintenant, et tel il sera toujours ; car il n’y a rien vers quoi il aille changer ; car aussi, aux cotés du tout, il n’y a rien qui puisse entrer en lui et le changer.


Parménide : Nulle puissance ne persuadera de laisser dire que du non-être pourrait naître quelque chose à côté de lui.


Héraclite : Ignorants alors qu’ils écoutent, ils ressemblent à des sourds ; c’est d’eux que témoigne la formule : « Présents ils sont absents ».


Lévinas : Cette possibilité extrême, indépassable, est imminence du non-être : la mort est la possibilité de l’impossibilité radicale d’être-là.


Parménide : Je vais parler : toi, écoute et retiens mes paroles qui t’apprendront quelles sont les deux seules voies d’investigation que l’on puisse concevoir. La première dit que : l’Etre est, et qu’il n’est pas possible qu’il ne soit pas. C’est le chemin de la certitude car elle accompagne la vérité. L’autre c’est : l’être n’est pas et nécessairement le non-être est. Cette voie est un étroit sentier où l’on ne peut rien apprendre.


Nietzsche : Rien n’est plus rare, chez les philosophes, que la probité intellectuelle.


Parménide : Seule reste donc le récit de la voie « est ». Sur elle, les marques sont très nombreuses : en étant sans naissance et sans trépas il est entier, seul de sa race, sans tremblement et non dépourvu d’achèvement, jamais il n’était ni ne sera, car il est au présent, tout ensemble, un, continu.


Schopenhauer : De ce que nous sommes maintenant, il s’ensuit, tout bien pesé, que nous devons être en tout temps… Notre erreur fondamentale consiste à nous croire réciproquement les uns pour les autres des non-moi.


Bergson : Philosopher consiste à invertir la direction habituelle du travail de l’esprit.


Spinoza : A mon avis, la mort est d’autant moins nuisible que l’esprit a une plus grande connaissance claire et distincte, et par conséquent que l’esprit aime Dieu davantage.


Georgette : L’esprit s’aime lui-même, à tort !


Nietzsche : La foi sauve donc elle ment !


Anaxagore : Rien ne naît du néant.


Démocrite : Le hasard n’est cause d’aucun événement


Sartre : Rien d’étranger n’a décidé de ce que nous ressentons, de ce que nous vivons ou de ce que nous sommes.


Empédocle : Exact ! Un homme sage ne pensera jamais ainsi : il ne croira pas que, tant que les mortels vivent ce qu’ils appellent leur vie, ils existent, exposés indifféremment aux biens et aux maux, mais qu’avant leur formation ou après leur dissolution, ils ne sont rien.


Charlie Chaplin : Ce n’est pas la mort qui est inévitable mais la vie.


Georgette : Tel n’est pas l’avis de la foultitude !


Nietzsche : Nos idées s’inspirent de nos besoins !


Empédocle : Demeurés ! Oui, leur vue, je le vois, est bien courte, puisqu’ils forgent l’idée qu’un non-étant pourrait à l’être parvenir, ou bien que quelque chose pourrait bien en mourant tout entier disparaître.


Bergson : « Rien » désigne l’absence de ce que nous cherchons.


Anaxagore : Les Hellènes parlent mal quand ils disent naître et mourir. Car rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau. Pour parler juste, il faudrait donc appeler le commencement des choses une composition et leur fin une désagrégation.


Parménide : On ne peut ni dire ni penser que l’Etre n’est pas. Car s’il venait de rien, quelle nécessité eût provoqué son apparition ou plus tard ou plus tôt ? En effet, l’Etre n’a ni naissance, ni commencement.


Aristote : Certains disent que l’étant est infini et immobile, ce n’est pourtant pas, assurément, ce que la sensation manifeste, mais il apparaît au contraire que beaucoup d’étants sont mus.


Georgette : Harry ! La sensation !


Parménide : Jamais il n’était ni ne sera, car il est au présent, tout ensemble, Un, continu.


Nietzsche : Ce pour quoi nous n’avons pas de sens n’existe pas pour nous, mais ce n’est pas une raison pour que le monde soit ainsi borné….Présomption de l’homme : où il n’aperçoit pas de sens, il en nie la présence.


Anaxagore : Dans le petit, on ne saurait trouver l’extrêmement petit, mais il y a toujours un encore plus petit. Il en est de même pour l’extrêmement grand.


Nietzsche : Dans le temps infini et dans l’espace infini il n’y a pas de fins : ce qui est là est là éternellement, sous quelque forme que ce soit.


Héraclite : Un jour est égal à tous les jours.


Georgette : Sévère, mais juste !


Parménide : Alors, immobile dans les limites de larges liens, il est sans commencement, sans fin, puisque naissance et perte sont bel et bien dans l’errance au loin, la croyance vraie les a repoussées.


Aristote : Objection ! Prétendre que tout est au repos, et chercher une raison à cela en laissant de côté la sensation, c’est en quelque sorte de la faiblesse d’esprit, et c’est contester non pas une partie de la physique mais en quelque sorte sa totalité, et même ce ne serait pas seulement aller contre le physicien, mais pour ainsi dire contre toutes les sciences et toutes les opinions du fait que toutes ont recours au mouvement.


Georgette : Harry ! La vraie « faiblesse d’esprit » c’est l’opinion du grand nombre !


Zénon d’Elée : Ce qui se meut ne se meut ni dans le lieu où il est, ni dans celui où il n’est pas.


Heidegger : La science ne pense pas !


Georgette : Dans l’instantanéité, il ne peut être de mouvement. Il n’est qu’apparitions et disparitions successives.


Plutarque : Fort juste ! C’est en même temps qu’une substance mortelle se constitue et se défait, apparaît et disparaît.


Héraclite : Elle se présente et s’absente.


Aristote : Objection ! Pour la génération et la corruption il semblerait être tout à fait étrange que quelque chose qui vient juste de naître doive nécessairement périr et ne durer aucun temps.


Georgette : Myopie ou lâcheté ? Rien ne perdure à l’identique !


Nietzsche : En l’absence du successif et du simultané, il n’y a pour nous ni devenir ni pluralité. Tout ce que nous pourrions affirmer, c’est que ce continuum est un, immobile, immuable, n’implique ni devenir, ni temps, ni espace. Mais cela revient simplement à dire que c’est le contraire de l’humanité.


Georgette : Ah ! L’humanité ! Convenons que ce qui apparaît en tant qu’effet momentané n’est guère respectable.


Nietzsche : Toute croyance à la valeur et à la dignité de la vie repose sur une pensée inexacte.


Schopenhauer : « Je serai toujours » et « j’ai toujours été », le résultat nous donne deux infinités pour une. Mais c’est proprement dans le mot Moi que réside la plus grande équivoque… Le Moi, voilà le point noir de la conscience.


Spinoza : En tous cas, l’esprit n’est soumis que pendant la durée du corps aux sentiments qui se rapportent à des passions.


Platon : Absolument ! Il nous faut nous séparer de lui [ le corps] et regarder avec l’âme seule les choses en elles-mêmes. Nous n’aurons, semble-t-il, ce que nous désirons et prétendons aimer, la sagesse, qu’après notre mort, ainsi que notre raisonnement le prouve, mais pendant la vie, non pas.


Diogène le Cynique : A quoi peut bien nous servir un homme qui a déjà mis tout son temps à philosopher sans jamais inquiéter personne ?


Georgette : Bravo Diogène !


Nietzsche : C’est vrai ! En outre, le mourir-au-monde est déjà de l’orgueil.


Parménide : Bien vu jeune homme.


Georgette : Manque de rigueur et de bienveillance !


Hegel : Le commencement n’est pas le pur néant, mais un néant dont quelque chose doit sortir ; l’être est en même temps déjà contenu en lui.


Georgette : Théologien ! Sache que le concept de création n’est rien en regard de celui de « présence ».


Feuerbach : La pensée du néant est une pensée qui se contredit elle-même.


Schopenhauer : Il n’y a qu’un présent et il est toujours, car il est la seule forme de l’existence véritable… Le présent : ce point sans étendue qui divise en deux le temps sans bornes et qui demeure en place, invariable, semblable à un perpétuel midi auquel ne succéderait jamais la fraîcheur du soir.


Merleau-Ponty : Poser l’éternité existentielle- le corps éternel.


Georgette : C’est clair !


Schopenhauer : Commencer, finir et subsister sont des concepts qui empruntent leur signification au seul temps et ne valent que d’après sa présupposition.


Georgette : Puisque tout est « effet », il n’est pas d’« acte » pour l’humain.


Bergson : Mon corps, envisagé dans un instant unique, est toujours situé au point précis où mon passé vient expirer dans une action.


Georgette : Le corps est nécessairement l’aboutissement d’un passé sans origine. Il est dans le même moment le seul présent, en terme d’effet. L’objet de la pensée n’est que le passé du passé.


Aristote : Objection ! Par exemple, celui qui a délibéré est cause responsable d’une décision, et le père, de l’enfant.


Nietzsche : Autant le faire que l’acteur sont des fictions.


Georgette : Harry tu es navrant ! En quoi le père, qui est un effet, serait-il « cause » de ce qu’il n’est pas ? En outre, et la femme là dedans ? Ne serait-elle qu’un vulgaire sac à semence ! Ca va !


Nietzsche : Il n’y a ni cause ni effet !


Schopenhauer : Il n’y a aucun sens à dire qu’un objet est la cause d’un autre.


Nietzsche : Cette vie… telle que tu l’as vécue, il faudra que tu la revives encore une fois et une quantité innombrable de fois… et tout cela dans la même suite et dans le même ordre. L’éternel sablier de l’existence sera retourné toujours à nouveau et toi avec lui, poussière des poussières.


Parménide : Le temps n’est ni ne sera pas autre chose en plus de l’être, puisque, celui-ci, le Destin l’a enchaîné de manière qu’il soit entier et immobile.


Démocrite : Exact ! Il est impossible que toutes choses soient engendrées, puisqu’en effet le temps est inengendré.


Empédocle : Egal à lui-même partout, illimité, sphairos est là, tout rond, joyeux et immobile.


Mélissos : L’être est infini parce qu’il n’a ni commencement ni fin, et il l’est aussi bien qu’il est éternel.


Nietzsche : L’individu : il est toute la vie antérieure, résumée en une seule ligne, et il n’en est pas le résultat.


Georgette : Au vu de l’instantanéité du monde des phénomènes, il n’est aucune accumulation, ni du bien, ni du mal.


Anaxagore : Les phénomènes sont ce que l’on perçoit des choses non visibles.


Schopenhauer : Aussi cet être remplit-il la totalité du temps, présent, passé et avenir de la même manière, et il nous est aussi impossible de tomber hors de l’existence que hors de l’espace.


Pascal : C’est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part.


Nietzsche : N’en doutons pas, nous participons du caractère de l’univers. Nous n’avons accès à l’univers qu’en passant par nous-mêmes ; ce que nous avons en nous de haut ou de bas doit être interprété comme inhérent à sa nature….


Anaximandre : Ce dont la génération procède pour les choses qui sont est aussi ce vers quoi elles retournent sous l’effet de la corruption, selon la nécessité ; car elles se rendent mutuellement justice et réparent leurs injustices selon l’ordre du temps.


Nietzsche : Si j’ai quelque unité en moi, elle ne consiste certainement pas dans mon moi conscient, dans le sentir, le vouloir, le penser ; elle est ailleurs, dans la sagesse globale de mon organisme occupé à se conserver, à assimiler, à éliminer, à veiller au danger ; mon moi conscient n’en est que l’instrument. La sensibilité, la volonté, la pensée ne me montrent jamais que des phénomènes terminaux dont les causes me sont totalement inconnues.


Empédocle : Je te dirai encore : il n’est point de naissance d’aucun être mortel, et point non plus de fin dans la mort à la fois effrayante et funeste ; il y a seulement un effet de mélange et de séparation de ce qui fut mêlé : naissance n’est qu’un mot qui a cours chez les hommes.


Nietzsche : Tout est individuel dans un individu, jusqu’à la plus petite cellule : ce qui signifie que la totalité prend part à toutes les expériences et à tous les passés.


Héraclite : Ce sont des choses qu’ils n’espèrent pas ni qu’ils imaginent qui attendent les hommes lorsqu’ils meurent.


Parménide : C’est ainsi que la justice n’a pas permis, relâchant ses entraves, ni qu’il naisse ni qu’il périsse mais elle maintient.


Schopenhauer : Dans ce monde des phénomènes toute perte absolue est impossible, comme tout gain absolu.


Georgette : C’est vrai dans le monde des êtres ordinaires, c’est-à-dire ceux qui apparaissent en tant qu’effet !


Nietzsche : Nier toute espèce de fin et comprendre que nous ne pouvons connaître aucune causalité.


Heidegger : La représentation de buts, de fins et de moyens, d’effets et de causes, est d’avance incapable de faire ouvertement face à ce qui est.


Anaximandre : la nature de l’illimité est éternelle et ne vieillit pas.


Empédocle : Ainsi du non-étant rien ne peut naître un jour ; que l’étant soit détruit, cela ne veut rien dire et heurte la pensée ; car il sera toujours là, quelque soit l’endroit où l’on veuille le mettre.


Mélissos : Ce qui a été a toujours été et sera toujours. Car, s’il était devenu, avant de devenir, il eut été nécessaire qu’il ne fut rien ; mais s’il était rien, il ne pouvait devenir rien de rien.


Anaxagore : L’intellect est le principe dominant de toutes choses. Il est le seul parmi les êtres à être simple, sans mélange et pur.


Nietzsche : Entre le dernier instant de la vie consciente et la première lueur de la vie nouvelle, il ne s’écoule pas de « temps ». C’est un instant rapide comme l’éclair, bien que les créatures vivantes ne le dussent et même ne le pussent mesurer en billions d’années. L’intemporel et le successif concordent, dès que l’intelligent est écarté.


Anaximandre : Il existe des mondes illimités et chacun de ces mondes naît de cet élément illimité.


Schopenhauer : Pour un œil doué d’une vie incomparablement plus longue et capable d’embrasser d’un seul regard la race humaine, dans toute sa durée, la succession incessante de

la naissance et de la mort ne se manifesterait que comme une vibration continue : il ne lui viendrait donc pas à l’idée de voir là un devenir perpétuel allant du néant au néant.


Georgette : C’est vrai. En outre, il est dit que tout phénomène naît et meurt soixante quatre fois dans l’espace d’un claquement de doigts. Toute structure provisoire peut donc être considérée comme une vibration singulière s’étendant à tout.


Nietzsche : Evidemment ! Encore une fois, qu’une chose se réduise à une somme de relations ne prouve rien contre sa réalité.


Anaxagore : Ce qui est visible ouvre nos regards sur l’invisible.


Héraclite : Immortels mortels, mortels immortels : vivant la mort de ceux-là, mourant la vie de ceux-là.


Schopenhauer : Ce monde accompagne le « vouloir » comme son ombre suit le corps.


Georgette : Si « les choses se rendent mutuellement justice », comme vient de l’affirmer Anaximandre, tout phénomène est absolu, inconditionné et sans origine. Il s’agit donc de la non dualité du « corps » et de « l’esprit », ainsi que de la non dualité de « l’être » et de son « environnement ».


Nietzsche : Il ne faut pas que l’isolement de l’individu nous fasse illusion ; en réalité il y a un courant commun qui traverse tous les individus.


Parménide : Les choses absentes, regarde les pourtant, par le penser, comme fermement présentes. Car tu ne couperas pas l’étant à part de l’étant, qui ne se tiendra donc ni dispersé partout en toutes manières de par le monde ni rassemblé.


Georgette : Tu es grand mon vieux. Après toi la pensée occidentale s’est éteinte.


Nietzsche : Il me semble que tout a beaucoup trop de valeur pour que ce doive être aussi fugitif… Ma consolation est que tout ce qui fut est éternel : la mer le ramène à la surface.


Schopenhauer : Se rendre compte de l’immortalité de notre être et de l’identité du macrocosme et du microcosme, c’est tout un.


Nietzsche : Parfait ! Dès que l’homme s’est parfaitement identifié à l’humanité, il meut la nature entière.


Georgette : Là, mon ange, tu sors largement du cadre humain !


Parménide : Tel le mélange qui commande le corps et les membres ; telle se présente la pensée aux hommes…La chose consciente et la chair dont nos membres sont faits sont une seule et même chose… Car, chez les hommes, en tous et en chacun, la nature du corps est cela même qui pense. Car ce qui prédomine fait la pensée.


Empédocle : L’un est sphérique, éternel et immobile. L’un est la nécessité.


Héraclite : Il est sage que ceux qui ont écouté, non moi, mais le discours, conviennent que tout est Un.


Schopenhauer : Notre existence temporelle n’est qu’une simple image de notre être en soi. Celui-ci doit résider dans l’éternité.


Georgette : Il est ce d’où proviennent en permanence notre environnement, notre corps et l’objet de notre conscience. « Il » ne nous est pas antérieur dans le temps. Tout est à l’origine.


Nietzsche : Tout reste comme c’est : toutes les qualités trahissent un état des choses indéfinissable, absolu.


Georgette : La « personnalité » ne peut ni apparaître ni disparaître.


Parménide : En effet ! Le chemin de toutes choses fait retour sur lui-même.


Nietzsche : Si vous savez qu’il n’y a pas de buts, vous savez aussi qu’il n’y a pas de hasard : car c’est seulement aux côtés d’un monde de buts que le terme de « hasard » a un sens.


Schopenhauer : Rigoureusement parlant nous ne connaissons donc jamais notre vouloir que comme phénomène, et non d’après ce qu’il peut être absolument en soi… Ce qu’est en soi ce principe impérissable… c’est bien plutôt le fond sur lequel repose le corps, et la conscience avec lui.


Georgette : Notre esprit, notre corps et l’infinité environnementale est notre « vouloir ». En terme d’effet !

Nietzsche : Cessons de nous sentir cet « égo » fantastique ! Apprenons petit à petit à répudier cette individualité imaginaire !… Dépasser le « Moi » et le « Toi ».


Parménide : Il n’est pas non plus divisé puisqu’il est tout entier semblable ; il n’y a pas non plus ici un plus, qui l’empêcherait d’être d’un seul tenant, ni un moins, mais il est tout entier plein d’étant, aussi est-il tout entier continu, car de l’étant touche à de l’étant.


Héraclite : L’Un coïncide en différant lui-même de lui-même.


Georgette : Dans l’instantanéité, l’émergence et la disparition simultanées de tous les phénomènes ouvre sur un corps unique, s’étendant à tout.


Nietzsche : Etrange ! Je suis constamment dominé par cette pensée que mon histoire n’est pas seulement une histoire personnelle, que je sers les intérêts d’hommes nombreux en vivant comme je vis, en me formant, en le racontant ; il me semble toujours que je suis une collectivité à laquelle j’adresse des exhortations graves, familières et consolantes.


Héraclite : Le savoir ne consiste qu’en une chose : connaître qu’une pensée gouverne toutes choses à travers tout.


Georgette : La « Une pensée » momentanée gouverne en effet toutes choses.


Nietzsche : L’instant infiniment petit est la réalité et la vérité la plus haute, une image éclair jaillie du flot éternel.


Georgette : Il s’agit de la « présence », instantanée et permanente.


Schopenhauer : Si l’on suppose que l’effet et la cause sont simultanés, il faut réduir le cours du monde à un simple moment.


Georgette : Que tout soit instantané et que tout apparaisse en terme d’effet, constitue la grande terreur du manque de probité. La « Une pensée » momentanée est le cœur de l’enseignement du Bouddha. Pour lui, il s’agit de la loi merveilleuse de la simultanéité de la cause et de l’effet.


Parménide : C’est ainsi que la justice n’a pas permis, relâchant ses entraves, ni qu’il naisse ni qu’il périsse.


Georgette : L’instant est l’acquisition de la personnalité périssant immédiatement.


Nietzsche : Dès lors, l’acte n’est pas effacé par l’absolution. Le passé n’est pas passé, nos actes sont notre être ; de même que notre activité future nous appartient déjà. La mémoire n’est pas décisive.


Georgette : L’infinité phénoménale forme en réalité un corps unique. Mais le jaillissement du corps et de son environnement, et donc de la Une pensée singulière, constituent, dans l’instantanéité, l’identité.


Parménide : Le même et restant dans le même, il se tient en soi-même et c’est ainsi qu’il reste planté là au sol, car la nécessité puissante le tient dans les liens de la limite qui l’enclôt tout autour ; c’est pourquoi il est de règle que l’étant ne soit pas dépourvu d’achèvement.


Georgette : Tout phénomène provisoire est achevé, et chacune des innombrables structures qui le constituent est également achevée.


Plutarque : Ce qui passe pour le principe premier et fondamental, pour les Stoïciens, c’est que rien n’arrive sans cause et que tout, au contraire, arrive selon des causes antécédentes.


Georgette : L’antériorité ne relève pas du cadre de l’observation humaine !


Nietzsche : Un intellect qui verrait cause et effet comme un continuum… rejetterait le concept de cause et d’effet et nierait tout conditionnement.


Georgette : C’est exact. Pour le Bouddha aucun phénomène n’est conditionné. Tout est absolu.


Parménide : Rien en effet n’est ni ne sera d’autre à part l’étant, puisque c’est lui que le destin a attaché pour que complet et immobile il soit.


Nietzsche : C’est l’effet qui nous est connu !


Georgette : Tout est effet. Pour cette raison le Bouddha, l’Eveillé, est le « Souverain de la Merveille de la Cause Originelle .»


Nietzsche : D’un autre coté… Cause et effet : probablement n’existe-t-il jamais une pareille dualité.


Georgette : Cette non dualité de la cause et de l’effet, en tant qu’unité, est la « Une pensée » momentanée de la présence. La présence est absolue, ultime.


Nietzsche : Donc, la vraie causalité est une causalité de l’esprit.


Georgette : Assurément.


Nietzsche : Pas de sujet mais un faire, poser, créateur, pas de « causes et effets ».


Georgette : Il n’est que l’acte physique, puisque seul le corps dans son environnement est le présent.


Nietzsche : Ce n’est pas grâce à la connaissance, mais grâce à l’exercice et à un modèle que nous devenons nous-mêmes ! La connaissance n’a donc dans le meilleur des cas qu’une valeur de moyen !


Georgette : La modélisation est celle du corps, dans la mesure où la récitation physique de la lettre du Sutra est l’apparition du Corps du Bouddha.


Heidegger : En nommant, nous mandons à advenir l’étant présent.


Georgette : Or, l’étant présent est l’illimité. Ainsi l’esprit, qui est le passé du corps, peut-il se modeler sur l’acte physique. Il s’agit donc du lieu de l’abandon du « moi », et de l’ouverture au « Soi » illimité. Dans ces conditions nous pouvons alors, en tant qu’humains, engendrer l’éveil immédiat, dès ce corps, en terme d’effet.


Nietzsche : Tous les systèmes philosophiques sont dépassés ; les Grecs rayonnent d’un éclat plus grand que jamais ; surtout les Grecs d’avant Socrate.


Georgette : Vodka pour tout le monde ! Je suis heureuse de vous avoir tous revus.


Schopenhauer : Nous n’avons jamais été séparés. Vodka !


Georgette : Messieurs, ainsi notre réunion a débuté par « je vous ai réunis » et s’est achevée par « nous n’avons jamais été séparés ». Et tel est, en effet, l’aspect réel de l’existant.


Montreuil, le 28 Avril 2004


4° De couverture


Débat


Les penseurs les plus notables, depuis deux mille sept cent ans, se sont réunis pour débattre de sujets tels que l’identité, les phénomènes et la causalité, la vie et la mort.


Cet ouvrage n’est donc pas un essai de « philosophie » mais le lieu d’une confrontation de Philosophes.


Il va de soi que toutes les citations sont originales.